Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.
Nom : Romain Vandevelde
Age : 63 ans
Profession : retraité
Faits : six venues entre décembre 2019 et janvier 2020
Statut : comparaît détenu, depuis trente-huit mois en détention provisoire pour «viols aggravés»
Peine requise : 18 ans
Verdict : 15 ans, dont deux tiers de période de sûreté, maintien en détention.
Romain Vandevelde fréquente le site Coco depuis un an lorsqu’il entre en contact avec Dominique Pelicot. Après un échange de photos, une rencontre est convenue au supermarché avec lui pour «voir» Gisèle Pelicot. Aucun mot n’est échangé entre eux. Romain Vandevelde nie même avoir envisagé à ce moment-là une «relation sexuelle». «Je pensais que ça pouvait être une personne qui cherchait aussi du lien social.» Lors de sa première venue à Mazan, la nuit du 8 au 9 décembre 2019, il pense que Gisèle Pelicot est dans un état de «semi-réveil» causé par la «fatigue». Assurant ne pas être vraiment maître de son libre arbitre, il tente : «Je suis comme un zombie autoguidé.» Pas moins de 500 contacts téléphoniques ont été retrouvés entre Dominique Pelicot et lui de janvier à septembre 2020.
Son interrogatoire
Décrit par les expertises comme un «homme frustre», «incapable de se décentrer de lui-même», il estime avoir «été piloté par Dominique Pelicot» et refuse la qualification de viol. Romain Vandevelde s’essaie comme d’autres à la thèse du consentement par procuration. «Le mari étant présent, un mari parle à sa femme, je pensais avoir l’autorisation.» Porteur du VIH depuis 2004, sous trithérapie depuis 2005, il ne portait pas de préservatif, comme la majorité des autres accusés. Le sexagénaire n’avait pas informé Dominique Pelicot de sa séropositivité, mais recadre : «La charge virale est stable, je suis non contagieux.» Son expertise psychologique et son enquête de personnalité ont laissé voir une trajectoire marquée par de multiples sévices subis enfant, parmi lesquels des violences sexuelles infligées par des «prétendus amis» de ses parents.