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Autocrates

«Je suis Marine» : Musk, Orbán et Moscou volent au secours de Marine Le Pen après sa condamnation

Les autocrates d’Europe, connus pour leur proximité avec le Rassemblement national, ont réagi très rapidement, lundi 31 mars, à la condamnation de la cheffe du file du parti d’extrême droite, rejoints plus tard par le milliardaire américain et le département d’Etat américain.
Matteo Salvini (à gauche), Viktor Orbán (au centre) et Marine Le Pen lors d'une réunion des «Patriotes pour l'Europe», à Madrid, le 8 février 2025. (Thomas Coex/AFP)
publié le 31 mars 2025 à 13h34
(mis à jour le 31 mars 2025 à 21h29)

On a les amis que l’on mérite. Lundi 31 mars, les autocrates européens se sont empressés de dénoncer la condamnation de Marine Le Pen à quatre ans de prison dont deux ferme et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Alors que la patronne du Rassemblement national ne connaissait pas encore sa peine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçait déjà à la mi-journée une «violation des normes démocratiques lors d’un processus politique», tout en assurant se refuser à toute ingérence dans les «affaires intérieures de la France».

En juin 2023, un rapport parlementaire avait dénoncé le lien «ancré dans la durée» de la formation d’extrême droite avec la Russie, et les «contacts fréquents» entre des élus RN et des responsables russes. Le parti avait également effectué un emprunt auprès d’une banque russe en 2014, suscitant des soupçons sur la volonté du Kremlin de soutenir Marine Le Pen, longtemps critique des sanctions occidentales imposées à Moscou après son annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée cette année-là.

Pendant que Dmitri Peskov s’en prenait à la justice française en conférence de presse, Viktor Orbán, le très autoritaire Premier ministre hongrois, peu connu pour son respect de la démocratie, de l’Etat de droit et des contre-pouvoirs, martelait de son côté sur X : «Je suis Marine !» Un slogan également repris par le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, lui même récemment condamné par la justice bosnienne à une peine de prison et à l’interdiction d’exercer ses fonctions. Pour Viktor Orbán, Marine Le Pen rejoint désormais les rangs des «patriotes» victimes selon lui d’une cabale, à l’instar du président américain Donald Trump ou du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini.

Une «déclaration de guerre de Bruxelles»

Le chef de La Ligue, qui a eu lui-même des soucis avec la justice en Italie, a également apporté son soutien à Marine Le Pen. Pour Salvini, cette condamnation est une «déclaration de guerre de Bruxelles» dans le contexte des «pulsions belliqueuses de Von der Leyen et Macron». «Qui craint le jugement des électeurs souvent se rassure par le jugement des tribunaux. A Paris, ils ont condamné Marine Le Pen et ils voudraient l’exclure de la vie politique. Un mauvais film que nous voyons aussi dans d’autres pays comme la Roumanie», a écrit le populiste italien dans un communiqué qui avait été préparé très à l’avance.

Il fait référence à l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie, où le candidat d’extrême droite Calin Georgescu était arrivé en tête à la surprise générale le 24 novembre. Cet ancien haut fonctionnaire, très critique de l’UE et de l’Otan, a obtenu le soutien d’Elon Musk et du vice-président américain J.D. Vance. «Ne nous laissons pas intimider, ne nous arrêtons pas : en avant toute, mon amie !» a encore ajouté Salvini.

Autre dirigeant d’extrême droite à avoir réagi, Santiago Abascal, le leader du parti espagnol Vox, à l’origine d’un sommet à Madrid de l’extrême droite européenne, a assuré qu’«ils» – les juges ? les politiques ? – «n’arriveront pas à faire taire la voix du peuple français». Quant à Geert Wilders, patron du Parti pour la liberté, la formation d’extrême droite néerlandaise, il s’est dit «choqué» par une décision «incroyablement sévère» contre son alliée. «Je suis persuadé qu’elle gagnera en appel et qu’elle deviendra présidente de la France», a-t-il déclaré sur X.

En fin de journée, Elon Musk a lui aussi défendu Marine Le Pen. Pour le milliardaire proche de Trump, tout est la faute de la «gauche radicale» qui «abuse du système juridique» quand elle «ne peut pas gagner par le vote démocratique». Une technique, assure-t-il, utilisée «dans le monde entier». Plus tard, c’était au tour du département d’Etat américain de réagir, jugeant que «l’exclusion de personnes du processus politique était particulièrement préoccupante compte tenu de la guerre judiciaire agressive et corrompue menée contre le président Donald Trump ici aux Etats-Unis».

Mise à jour à 21 h 26 avec la réaction de Washington.