Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.
Nom : Husamettin Dogan
Age : 43 ans
Profession : ouvrier dans le BTP
Faits : une venue, la nuit du 28 au 29 juin 2019
Statut : comparaît libre après 16 mois en détention provisoire pour «viol aggravé»
Peine requise : 12 ans
Verdict : 9 ans d’emprisonnement, ressort libre, mandat de dépot différé.
Ouvrier dans le BTP de 43 ans, Husamettin Dogan décrit de lui-même la gravité de la situation : «J’ai commencé on va dire les préliminaires, j’ai vu qu’il n’y avait pas de réaction, je lui dis [à Dominique Pelicot, ndlr] “on dirait ta femmeelle est morte”». Dissonant, il martèle toutefois à la barre : «Je n’accepte pas qu’on me traite de violeur, je suis pas un violeur, c’est un truc trop lourd à porter.» En juin 2019, Husamettin Dogan aurait été en contact le soir même de sa vue avec Dominique Pelicot, sur le site Coco. Echange durant lequel l’accusé principal lui aurait proposé un scénario où «sa femme ferait semblant de dormir». Alors qu’il avait, durant l’instruction, reconnu avoir eu connaissance du fait que Gisèle Pelicot «aurait trop bu ou aurait pris trop de médicaments», à l’audience il esquisse la possibilité de l’avoir inventé. «Je ne reconnais pas avoir été conscient que cette dame était droguée et que j’y suis allé exprès pour ça.»
Son interrogatoire
Ce consommateur important de cannabis depuis ses 11 ans, déjà condamné pour trafic de stupéfiants, a multiplié les lignes de défense, invoquant dans le lot des «pressions» exercées par Dominique Pelicot, que le concerné nie. Bloqué dans une position victimaire corroborée par son expertise psychiatrique, Husamettin Dogan est toujours en couple avec la mère de son fils, atteint de trisomie 21. Bisexuel, il décrit une vie sexuelle libérée et «intense» en dehors de son couple. L’homme, qui souffre d’une polyarthrite déformante, attribue sa maladie au choc de cette procédure. Pour lui, les coaccusés sont «tombés dans un piège».