La sortie de son livre, à l’été, avait suscité l’ire de la DGSE, qui voit toujours d’un mauvais œil la divulgation de ses coulisses et de ses procédures internes. «Ceux qui choisissent de publier des ouvrages renient leur serment et nuisent à l’institution», avait déploré à l’époque auprès de Libération le responsable des relations publiques du service de renseignement français, au sujet des mémoires de son ancien agent. Dans l’Homme de Tripoli (Mareuil Editions), Jean-François Lhuillier raconte les affres de sa riche carrière d’espion, et notamment ses trois ans comme chef de poste en Libye de 2009 à 2012 au moment de la chute de Kadhafi, entre gestion de sources clandestines et relations officielles avec les caciques du régime.
«Je voulais raconter la vérité à mes petits-enfants», expliquait-il dans le portrait que nous lui avions alors consacré. Un livre d’une rare liberté de ton qui dénonce aussi, en creux, le fonctionnement de la DGSE, dont l’auteur déplore la «démilitarisation» au profit des diplomates. Une charge très moyennement appréciée par le ministère des Armées, qui s’est empressé de saisir la justice. Début octobre, Jean-François Lhuillier a été mis en examen à Paris pour «compromission du secret de la défense nationale», un délit passible de sept ans d’emprisonnement et