Il y a quelque chose de déroutant à voir les mains tremblantes de celui qui fut, dix mois durant, à la tête du plus gros paquebot de l’histoire judiciaire française. Peu habitué à la lumière, Jean-Louis Périès semble presque intimidé lorsqu’il nous reçoit ce vendredi de septembre, dans l’antique palais de justice de Paris, pour sa première prise de parole depuis le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 132 victimes. Un planning serré, dix-huit mois de préparation intense, des dépositions creuses d’enquêteurs belges, un Covid trouble-fête… Le président de la cour d’assises spécialement composée a toujours fait preuve d’un flegme, d’une rondeur et d’une autorité naturelle ayant indéniablement œuvré à la sérénité des débats. Les parties civiles ont fini par le surnommer affectueusement «Loulou», la défense a parfois taclé ses airs d’«instituteur». Le 1er novembre, le magistrat de 66 ans raccrochera l’hermine. Il revient pour Libé sur ce procès tentaculaire et historique, le dernier de sa carrière.
Comment avez-vous traversé ces dix mois d’audience ?
Le mot traversé n’est pas innocent. Il y a eu beaucoup d’images maritimes sur ce procès. Mon ami et collègue Régis de Jorna, qui a présidé le procès des attentats de janvier 2015, m’avait souhaité de «garder le cap». Je crois que nous l’avons gardé. Nous sommes arrivés à bon port, sans affronter de véritables tempêtes. Même si nous avons eu quelques grains, c’est vrai. J’ai aus