C’est un des enjeux nouveaux dans la surveillance des foules, entre supposé intérêt sécuritaire et nécessité de respecter les droits privés. D’après Le Parisien, le gouvernement a tranché et devrait finalement abandonner son projet d’utiliser la reconnaissance faciale lors des Jeux olympiques de Paris en 2024. L’idée principale serait politique : cette technologie souffre - logiquement - d’une mauvaise image auprès du public, qui la voit comme une des symboles de «Big Brother».
«La mesure qui sera proposée en matière d’intelligence artificielle pour faciliter le travail de sécurisation de la compétition, dans le cadre du projet de loi relatif à l’organisation des JO de Paris 2024, exclut totalement et explicitement le recours à la reconnaissance faciale», confirme ainsi le ministère des Sports. «Aucune donnée biométrique» ne sera utilisée, précise le futur texte.
Des caméras «augmentées»
Déjà au mois d’octobre, la ministre des Sports s’était montrée très prudente sur le sujet. «Je comprends l’attente et l’importance de la reconnaissance faciale, notamment après les événements au Stade de France, expliquait-elle, après le fiasco de la finale de la Ligue de Champions à Paris. Mais actuellement, les dispositions législatives concernant la sécurité ne prévoient pas ces dispositifs. Nous travaillons sur des algorithmes intelligents, mais anonymisés, pour gérer les mouvements de foule dans les transports. Et même ces dispositifs de vidéoprotection devront être examinés par la Cnil et le Conseil d’État avant d’être mis en œuvre.»
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Les débats autour de la reconnaissance faciale sont toujours vifs. Cette technologie peut servir à authentifier, à identifier et à catégoriser les individus dans une société. Mais l’efficacité de ces dispositifs, en termes de sécurité publique, n’est pour l’instant pas démontrée. Certains soulignent aussi que, alors que la sobriété numérique devient déjà un sujet écologique majeur, la question éminemment éthique de l’utilité du développement de telles technologies n’est presque pas posée.
«Ce silence est d’autant plus assourdissant que dès lors que la reconnaissance biométrique permet la catégorisation des individus, la terrifiante dérive vers une société de la notation sociale à la chinoise devient possible, écrivait ainsi au mois de mai Raphaël Maurel, Secrétaire général de l’Observatoire de l’éthique publique et maître de conférences en droit public à l’Université de Bourgogne, dans Libération. Autrement dit, l’utilité et les finalités de la reconnaissance sont essentielles : c’est là, au cœur de l’éthique du numérique, que devrait se positionner le débat si d’avance il devait vraiment être ouvert.»