Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict prévu d’ici au 20 décembre.
Nom : Redouane Azougagh
Age : 40 ans
Profession : sans emploi
Faits : deux venues en mars et avril 2019
Statut : comparaît détenu, depuis 43 mois en détention provisoire pour «viols aggravés»
Peine requise : 12 ans
Verdict : 9 ans d’emprisonnement, compte tenu de la réduction de peine liée à l’altération du discernement.
Redouane Azougagh est le seul des 51 accusés dont l’altération du discernement est débattue. Deux expertises psychiatriques se sont opposées sur les conséquences d’une possible schizophrénie sur sa responsabilité pénale. Poursuivi pour deux viols aggravés, commis à un mois d’intervalle en mars et avril 2019, le ministère public en tient compte dans ses réquisitions. Malgré la réitération, Redouane Azougagh rejette la faute. «J’avais une crainte de lui», dit-il en désignant Dominique Pelicot. Il pensait que c’était «leur fantasme», et maintient avoir ignoré que Gisèle Pelicot était «véritablement endormie». Redouane Azougagh remarque pourtant ses ronflements dès son entrée dans la chambre. «J’ai demandé «c’est normal qu’elle ronfle ?» Il m’a dit «oui on aime bien le faire comme ça.»» Il ne posera pas plus de question.
Son interrogatoire
C’est Dominique Pelicot qui lui aurait demandé de revenir - ce que conteste le principal accusé. Cet homme dont l’enfance a été marquée par des violences et carences éducatives, aurait accepté pour «faire plaisir» au couple. Ce n’est qu’à cette seconde venue qu’il aurait compris qu’il se passait quelque chose de «malsain», lorsque Dominique Pelicot «a pris [la] tête [de Gisèle Pelicot] entre ses mains, l’a manipulée comme une poupée» afin qu’il puisse lui imposer une fellation. A la barre, il insiste «il n’y a pas de viol» : «J’y suis allé doucement, j’ai pas fait de mal, ça s’est bien passé.» Dominique Pelicot a dénoncé une tentative d’extorsion de sa part, qu’il nie. Père de quatre enfants, né de deux mariages, Redouane Azougagh cumule 20 condamnations pour vols, menaces de mort, mais aussi pour violences conjugales, qu’il a minimisées d’un «ça s’est mal passé».