Au téléphone, c’est l’hôpital. Hugo est dans un état grave, il faut venir tout de suite à Marseille, à des centaines de kilomètres du nord de la France où vit Karine. Son fils, elle le croyait à Marseillan, dans l’Hérault, depuis trois semaines. Un boulot pour la saison dans un restaurant, qui le faisait renoncer à son projet d’apprentissage dans une entreprise de charpenterie. Quand il lui avait annoncé ça, Karine avait eu un «mauvais pressentiment» dont elle n’avait rien pu faire. «A 21 ans, ce n’était plus un enfant, qu’est-ce que je pouvais dire ?» rembobine-t-elle aujourd’hui, six mois après.
Enquête
Le 19 juin, lorsqu’elle saute dans le premier train vers le Sud, elle est passée en «pilotage automatique», le restera une nuit entière à l’hôpital jusqu’à ce que le médecin revienne lui parler. Hugo est en mort cérébrale, il ne se réveillera pas. Il a pris une balle dans la tête. Son corps, enroulé dans un drap, a été jeté devant l’hôpital Laveran, dans le nord de Marseille. Les conducteurs de la camionnette qui le transportaient ne se sont pas arrêtés. «J’ai hurlé, parce que c’est le monde qui s’écroule. Et vous êtes toute seule.»
«Il a toujours été suivi»
Karine repousse le premier appel de la police judiciaire (PJ) marseillaise. Elle ne pense qu’au rapatriement du corps, aux obsèques à organiser dans leur petite ville du Nord, près de Valenciennes. «3 000 habitants, presque la campagne, tellement loin de tout», décrit-elle. Deux semaines après la mort de son fils, elle d