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Libération
Hommage

La Courneuve : une «marche silencieuse» organisée jeudi pour Wanys, mortellement percuté par la police

Le maire de la ville de Seine-Saint-Denis annonce ce mardi 19 mars que la famille du jeune homme de 18 ans lui rendra hommage lors d’une marche jeudi soir, après sa mort lors d’une course-poursuite avec la police mercredi dernier à Aubervilliers.
Le commissariat de La Courneuve, ici en juin 2019, a été visé par des projectiles et des tirs de mortiers dimanche soir. (Alain Guilhot/Divergence)
publié le 19 mars 2024 à 9h33

Un temps de recueillement une semaine après sa mort. Une «marche silencieuse» va être organisée jeudi soir à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), dont était originaire Wanys, 18 ans, mort mercredi soir après avoir été percuté par un véhicule de police, a annoncé ce mardi 19 mars au matin Gilles Poux, maire communiste de la ville, sur Franceinfo. «Il y a beaucoup de responsabilités de la part de la famille qui a décidé de préparer une marche silencieuse jeudi soir», a affirmé l’élu.

Gilles Poux a tenu à rencontrer les proches de Wanys et assure qu’ils sont «complètement meurtris, déboussolés». «Ils savent que l’irréparable a été fait. Pour autant, ils ont un comportement particulièrement responsable avec la volonté de demander justice mais ne pas être dans une démarche de vengeance aveugle en appelant à des réactions disproportionnées», a-t-il salué.

Ce drame a réveillé les souvenirs des émeutes survenues après la mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre en juin 2023. Dimanche soir, de vives tensions ont éclaté dans le quartier de La Courneuve. Le commissariat a été visé par des projectiles et des tirs de mortiers tandis que sept majeurs âgés de 18 à 21 ans et deux mineurs ont été interpellés. Les neuf gardes à vue ont été prolongées lundi soir.

Malgré tout, la nuit de lundi à mardi «a été plutôt sereine», a rassuré le maire, qui précise qu’il y a eu «quelques petits mouvements mais de façon très sporadique». La préfecture de police avait de son côté déployé un dispositif de sécurité massif.

«Cette situation ne mérite pas un embrasement, ça mérite la solidarité vis-à-vis de la famille et que la justice fasse son travail pour élucider ce qui s’est passé concrètement lors de cette soirée tragique de mercredi», a encore jugé Gille Poux.

Plainte pour violences volontaires

Le jeune homme en scooter était poursuivi par la police après un refus de contrôle. Dans une avenue d’Aubervilliers, son deux-roues avait été heurté par un véhicule de la BAC appelé en renfort, qui arrivait en sens inverse. Ce dernier s’était déporté de sa voie pour éviter un véhicule qui semblait être un taxi. Dans la collision, Wanys R. a été tué et son passager blessé.

L’avocat de la famille de Wanys R., Yassine Bouzrou, a annoncé lundi avoir déposé plainte pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et violences volontaires aggravées. «Le fait que le conducteur du véhicule de police, sans gyrophare ou avertisseurs sonores, se soit volontairement déporté à vive allure sur une voie en sens inverse tout en sachant que le scooter arrivait en face permet de qualifier juridiquement ce comportement d’acte de violence volontaire», a estimé Me Bouzrou.

«Dire qu’il l’a percuté volontairement est une contrevérité», a assuré au contraire Me Jérôme Andrei, avocat des deux policiers à l’avant du véhicule. Deux enquêtes ont été ouvertes : l’une confiée à l’IGPN, «la police des polices», et l’autre au service du traitement judiciaire des accidents de la préfecture de police pour refus d’obtempérer aggravé.