Retour à la case prison pour Patrick Balkany. La cour d’appel de Rouen a tranché ce jeudi : l’ancien maire LR de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) et sa femme Isabelle devraient se retrouver derrière les barreaux. En raison de nombreux incidents, le placement sous bracelet électronique du couple – qui purge sa condamnation pour fraude fiscale massive – avait été révoqué mi-décembre. Le 24 janvier, le parquet général de Rouen avait «requis la confirmation» de cette révocation du 17 décembre par le tribunal d’application des peines d’Evreux (Eure).
«Cette décision est inquiétante en droit et en fait», a rapidement réagi l’avocat de Patrick Balkany, Romain Dieudonné. Selon lui, la situation de son client «est toujours préoccupante», rappelant que son état de santé avait «justifié sa remise en liberté il y a plusieurs mois». «Je déposerai prochainement une nouvelle demande d’aménagement de peine et suivrai jour après jour l’évolution de son état de santé», prévient-il.
C’est par un tweet qu’a réagi de son côté Isabelle Balkany : «Je veux juste dormir, DORMIR… Epuisée par l’âge, le mien, la haine, des autres, l’angoisse pour l’Homme de ma vie, la blessure, inguérissable, du “gommage” de ce que j’ai pu faire de positif…» Mais, surtout, comme s’il s’agissait d’un message d’adieu, elle conclut : «Merci à ceux qui m’ont fait le bonheur de m’aimer… Il est temps que ça s’arrête.» En direct sur BFM TV, Patrick Balkany a d’ailleurs affirmé que le Samu se trouvait à leur domicile car sa femme «a avalé une boîte de je ne sais quoi». Pour rappel, Isabelle Balkany a déjà fait deux tentatives de suicide, chaque fois dans la foulée d’une décision de justice. «Je vais porter plainte [contre le juge] pour mise en danger de la vie d’autrui», avertit l’ancien maire de Levallois.
Je veux juste dormir, DORMIR...
— Isabelle Balkany (@ibalkany) February 3, 2022
Épuisée par l'âge, le mien, la haine, des autres, l'angoisse pour l'Homme de ma vie, la blessure, inguérissable, du "gommage" de ce que j'ai pu faire de positif...
Merci à ceux qui m'ont fait le bonheur de m'aimer... et à mes amours à 4 pattes ! pic.twitter.com/37PC3FpsXV
C’est que les Balkany ont visiblement manqué de sérieux ces derniers temps, puisque une centaine d’«incidents» ont fait sonner leurs bracelets en quelques mois. Alors qu’ils sont censés être assignés à résidence au moulin de Cossy, leur domicile de Giverny (Eure), les «Bonnie and Clyde» des Hauts-de-Seine ont été aperçus à plusieurs reprises à Levallois, tantôt sur le marché, tantôt dans les tribunes du gymnase de l’équipe de basket locale.
Pour justifier ces anicroches, l’avocat d’Isabelle Balkany, Pierre-Olivier Sur, a bien tenté un début d’explication le 3 janvier auprès de Mediapart : «Il y a eu une centaine d’incidents de sonnerie, et un peu de désinvolture… Ils n’ont pas le droit de sortir de la maison, mais quand le chien sort, ils courent après, quand le facteur passe, ils vont au portail. Au moment de l’audience, le dispositif a enfin été réglé pour qu’il n’y ait plus d’incident.»
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Après une première décision judiciaire en ce sens en 2019, les Balkany avaient été condamnés en appel en mars 2020 à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale. Après une tentative de suicide début mai 2019, Isabelle, aujourd’hui âgée de 74 ans, avait échappé à la prison mais, à l’inverse, Patrick, 73 ans, avait été incarcéré en septembre 2019 au centre pénitentiaire parisien de la Santé. Très amaigri, il a finalement été libéré cinq mois plus tard, le 12 février 2020, pour raisons de santé. Peu après, le même Balkany est apparu en pull rose pétard, lors de la Fête de la musique de Levallois, en train de danser sur du Bosh.
En parallèle, le couple est condamné en appel pour «blanchiment aggravé» le 27 mai 2020 après avoir caché 13 millions d’euros d’avoirs au fisc entre 2007 et 2014. Patrick écope de cinq ans de prison ferme, Isabelle de quatre ans. Par ailleurs, en février 2021, l’ancien baron LR a été triplement mis en examen dans une autre enquête sur des soupçons d’utilisation frauduleuse de locaux appartenant à la ville de Levallois. Un sacré CV qui n’avait pas empêché Patrick Balkany d’envisager de se représenter aux dernières municipales. Avant de finalement renoncer quelques semaines plus tard.
Mise à jour : ce jeudi 3 février à 15 heures avec l’ajout des réactions de la défense, d’Isabelle Balkany et la mention de sa tentative de suicide.