A peine la porte du bureau franchie, le tourbillon s’enclenche. C’est d’abord des salutations appuyées, un paquet de chocolats belges qui tombe divinement entre les mains, puis cette phrase, qui rompt quelque peu le charme : «Ça, c’est la chaise où ils se sont tous assis, prenez-la si vous voulez !» Ils, ce sont les accusés du 13 Novembre, Mohamed Abrini, Salah Abdeslam, Osama Krayem, Sofien Ayari, Mohamed Bakkali. Douze des quatorze présents à l’audience sont passés dans son cabinet. Des heures durant, ils ont défilé dans le bureau de la juge Isabelle Panou, incarnation de la lutte antiterroriste en Belgique et semi-légende dans le microcosme judiciaire. Car même si le procès des attaques a lieu à Paris, épicentre des tueries, les assaillants, les planques, les logisticiens étant majoritairement belges, c’est elle qui, quasi seule, a d’abord écumé, vaille que vaille, les tréfonds du dossier – ses collègues parisiens ont travaillé à six. Dans sa version finale, il compte près d’un million de pages.
Début janvier, Isabelle Panou accepte pour la première fois l’idée d’une rencontre avec la presse française. Deux conditions non négociables sont néanmoins posées : la publication doit intervenir après la clôture des débats pour ne générer auc