Menu
Libération
Justice

Lafarge en Syrie : un premier procès requis pour «financement du terrorisme»

Le géant du ciment est accusé d’avoir financé des organisations terroristes en Syrie à hauteur de cinq millions d’euros entre 2013 et 2014. Un premier procès a été requis par le parquet national antiterroriste ce vendredi 9 février.
Une usine du cimentier Lafarge à Paris, le 7 avril 2014. (Franck Fife/AFP)
publié le 9 février 2024 à 18h01

Lafarge, bientôt devant les tribunaux ? Le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis ce vendredi 9 février un premier procès pour financement du terrorisme contre le groupe Lafarge et certains de ses ex-dirigeants pour ses activités en Syrie menées jusqu’en 2014. Au total, outre Lafarge SA, désormais filiale d’Holcim, ce sont neuf personnes, dont l’ex-PDG Bruno Lafont, l’ex-directeur général adjoint opérationnel Christian Herrault ou encore l’ex-directeur de la sûreté du groupe, Jean-Claude Veillard, pour lesquelles le Pnat demande un procès devant le tribunal correctionnel.

Entre 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), le groupe est soupçonné d’avoir versé un total cumulé de plus de cinq millions d’euros à des groupes jihadistes, dont l’organisation Etat islamique. Des versements également faits à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya, alors même que le pays s’enfonçait dans la guerre.

Des fonds utilisés en vue de commettre des actes de terrorisme

D’après des éléments provenant des réquisitions signées ce vendredi, Lafarge SA a fourni ces sommes «dans l’intention de voir ces fonds utilisés ou en sachant qu’ils étaient destinés à être utilisés, en tout ou partie, en vue de commettre des actes de terrorisme, indépendamment de leur survenance, au profit des entités terroristes Ahrar al-Sham, Jabhat al-Nosra et État islamique en Irak et au Levant devenu État islamique».

Le Pnat estime que Bruno Lafont «a validé la stratégie suivie en maintenant l’activité de la cimenterie en connaissance des financements distribués aux groupes terroristes». Un autre volet, portant sur une possible complicité de crimes contre l’humanité de la société, est lui toujours en enquête. Mi-janvier, la Cour de cassation a définitivement validé la rarissime mise en examen de la société pour cette infraction, rendant plausible un autre procès, cette fois devant les assises. La plus haute juridiction judiciaire avait en revanche annulé les poursuites pour mise en danger des salariés de la cimenterie.