L’affaire l’avait poussée à démissionner du gouvernement en mars 2022. L’ex-secrétaire d’Etat (Modem) Nathalie Elimas est jugée à partir de ce lundi 31 mars à Paris pour harcèlement moral sur cinq ex-membres de son cabinet. Aujourd’hui conseillère régionale d’Ile-de-France (bloc présidentiel), Nathalie Elimas a été citée à comparaître par le parquet pour s’expliquer des soupçons de harcèlement moral à l’encontre de membres de son cabinet, essentiellement des conseillers en communication qui se sont succédé auprès d’elle lorsqu’elle était secrétaire d’Etat à l’Education prioritaire auprès du ministre de l’Education nationale.
L’ex-membre du gouvernement, nommée en 2020, se voit reprocher des «propos vexatoires et humiliants, des injonctions contradictoires, des critiques sur leurs compétences professionnelles, le tout intervenant après un bref état de grâce». Pour l’une des victimes présumées, le parquet a noté par exemple qu’elle se voyait «imposer des tâches» relevant d’autres fonctions, «une large amplitude horaire», un «dénigrement parfois public sur ses compétences professionnelles», «des injonctions contradictoires et des demandes implicites suivies de reproches». Chez d’autres ex-conseillers ou ex-conseillères, le parquet a aussi pointé les «propos vexatoires et humiliants, parfois publics», «l’isolement», «l’infantilisation» ou encore le «dénigrement».
Enquête
Mi-janvier 2022, on apprenait que la secrétaire d’Etat faisait l’objet d’une enquête administrative de l’Inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (Igesr), après des signalements internes quant à des «dysfonctionnements» au sein de son cabinet relatifs «aux relations de travail».
Dans son rapport de mars 2022, l’institution a fait le «constat d’une ambiance générale dégradée au sein du cabinet», voire «délétère». Elle a relevé un «management» du personnel administratif qui manquait «de transparence et de bienveillance» et souligné que certains membres du cabinet étaient «particulièrement attaqués», y voyant des «situations de harcèlement moral avérées». Cette procédure avait débouché sur un signalement au parquet de Paris qui avait ouvert une enquête.
Lors de l’enquête, Nathalie Elimas avait contesté ces accusations. Sollicité par l’AFP, son avocat, Me Benoît Derieux, n’a pas souhaité faire de commentaire sur le fond du dossier, mais il a déclaré qu’il comptait lors de l’audience «soulever l’incompétence du tribunal au profit de la Cour de justice de la République», seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Le procès est prévu sur quatre jours. L’intéressée encourt deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.