L’association Ultime Liberté, qui milite pour le droit au suicide assisté et à l’euthanasie volontaire, et deux de ses militants ont été mis en examen vendredi pour avoir «provoqué au suicide» une nonagénaire, a déclaré le parquet de Grenoble. Cette femme de 91 ans, elle-même militante de l’association, avait ingurgité mercredi 14 août, à Grenoble, des substances médicamenteuses pour mettre fin à ses jours, avant de les vomir. Elle est actuellement hospitalisée.
Un homme et une femme de 81 ans ont été interpellés après l’intervention du fils de la nonagénaire, et ont été placés en garde à vue, soupçonnés de lui avoir fourni des produits. Ils ont été présentés à un juge d’instruction ce vendredi 16 août, qui les a mis en examen pour «exercice illégal de la profession de pharmacien», pour avoir «provoqué la victime au suicide en lui fournissant différents produits» et pour avoir «fait de la publicité» en faveur des moyens de se donner la mort. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de militer pour leur association.
Rencontre
Ces deux dernières infractions visent également l’association Ultime Liberté «qui pratique un militantisme offensif promouvant les moyens de se donner la mort», selon le procureur de la République de Grenoble. Celui-ci cite dans son communiqué aux médias la diffusion et l’utilisation de «protocoles d’absorption de médicaments et de produits toxiques, ainsi qu’une charte de l’accompagnement sur les moyens de se donner la mort», mais aussi l’organisation de «formations à l’accompagnement sur les moyens de se donner la mort». Ces infractions sont passibles de deux à trois ans de prison et 30 000 à 40 000 euros d’amende.
Sur son site, l’association Ultime liberté, qui revendique 3 000 membres, indique militer «pour la liberté de choisir le moment, le lieu et les modalités de sa mort». En mars 2021, dix de ses membres avaient été mis en examen à Paris dans une enquête sur un trafic de Pentobarbital, un barbiturique interdit en France et parfois utilisé pour l’aide au suicide.
La question de la fin de vie devait être débattue par les députés au printemps dernier, dans le cadre d’un projet de loi qui devrait ouvrir la possibilité strictement encadrée d’une assistance au suicide. La dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée par Emmanuel Macron le 9 juin 2024 a mis un coup d’arrêt aux discussions.