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Justice

L’auteur de BD Bastien Vivès renvoyé en procès pour diffusion d’image à caractère pornographique de mineurs

A la suite d’une enquête préliminaire pour diffusion d’images pédopornographiques, le parquet a annoncé ce jeudi 13 février les dates du procès de Bastien Vivès et des deux maisons éditions qui ont publié les deux ouvrages mis en cause. Il se tiendra les 27 et 28 mai à Nanterre.
Bastien Vives à Paris, le 28 février 2024. (Renaud Khanh/ABACA)
publié le 13 février 2025 à 11h59

Le rendez-vous est donné. Le parquet a annoncé, ce jeudi 13 février, que l’auteur décrié de bandes dessinées Bastien Vivès sera jugé les 27 et 28 mai par le tribunal correctionnel de Nanterre pour fixation et diffusion d’image à caractère pornographique dans deux de ses albums.

A ses côtés sur le banc des accusés : les éditions Les Requins Marteaux et Glénat, qui ont publié les ouvrages incriminés, et qui comparaîtront, elles, pour diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique, a ajouté le ministère public.

Cette décision du parquet fait suite à une enquête préliminaire pour diffusion d’images pédopornographiques, ouverte en janvier 2023 après une plainte de plusieurs associations de protection de l’enfance. Trois ouvrages de Bastien Vivès avaient été mis en cause : Les Melons de la colère (paru en 2011), La Décharge Mentale (2018) et Petit Paul (2018). Ce sont ces deux derniers albums qui feront l’objet des débats devant la 20e chambre correctionnelle du tribunal fin mai.

«Ce sera le procès de l’hypocrisie du parquet de Nanterre», a réagi l’avocat de l’accusé, Richard Malka. «Il va falloir expliquer comment ce que le parquet de Nanterre a jugé non délictuel et ne constituant aucune infraction en 2019 devient une infraction en 2024» a-t-il poursuivi. En effet, en 2018 et 2020, la BD «Petit Paul» avait fait l’objet de signalements, qui avaient été classés sans suite par le parquet de Nanterre.

«Est-ce que l’appréciation du droit se fait selon la météo du moment et les pressions associatives ?», a continué l’avocat de Bastien Vivès. «On ne peut que regretter la débauche de moyens du parquet de Nanterre pour poursuivre des bandes dessinées quand tant de vrais enfants auraient besoin des services de justice», a ajouté le conseil. Contactée par l’AFP, l’avocate Céline Astolfe qui défend la Fondation pour l’enfance, l’une des associations ayant porté plainte, n’a pas encore réagi.

Parodies graveleuses

Plusieurs œuvres du dessinateur, présentées par ses lecteurs comme de simples contes graveleux ou des parodies à l’instar des Melons de la colère, vaguement inspirées des Raisins de la colère où une adolescente paysanne est violée par plusieurs hommes de son village, ont fait polémique.

En 2018 déjà, après la parution de Petit Paul, qui met en scène un enfant au pénis démesuré ayant des relations sexuelles avec des femmes majeures, les éditions Glénat avaient affirmé qu’«aussi obscène et provocatrice qu’on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n’a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineur de quelque manière que ce soit».