Il n’est pas fréquent qu’un avocat soit condamné en diffamation, surtout à l’encontre de l’un de ses confrères. C’est ce qui vient pourtant arriver le 2 juin à Eric Moutet, avocat de la filière congolaise de la banque camerounaise Afriland First Bank, sur plainte de William Bourdon, président de la Pplaaf (Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique). Le premier est condamné pour des «propos volontairement inexacts et trompeurs, en l’absence presque totale de base factuelle, proférés dans l’objectif de dénigrer une ONG ayant pour objet la défense des lanceurs d’alerte».
Histoire de ne pas trop entraver la proverbiale liberté d’expression des avocats – elle est totale à la barre d’un tribunal mais plus relative dans les médias – la condamnation pénale de Me Moutet est symbolique: 500 euros d’amende avec sursis, plus 2 000 euros de dommages et intérêts à la partie civile. Mais les attendus sont saignants : «Il a fait dégénérer l’exercice de la défense de sa cliente en une attaque gratuite et mensongère de la Pplaaf.» Pour la petite histoire, Eric Moutet est un ancien administrateur de Sherpa, association visant à la transparence financière internationale, notamment en première ligne dans la lutte contre les biens mal acquis, également fondée p