Club d’entreprises françaises visant à favoriser les échanges entre Paris et Pékin, le Comité France Chine (CFC) est juridiquement distinct du Medef, en tant qu’association à but présumé non lucratif. Mais il est hébergé dans les locaux du syndicat patronal, partage les mêmes services informatiques, et ses membres ont une adresse mail finissant en @medef.fr. Sa directrice générale Sybille Dubois-Fontaine, accusée par d’anciens salariés de harcèlement moral et de racisme, est toutefois très soucieuse de son autonomie. Elle a pu ainsi crier à une employée qui avait eu le toupet de se plaindre à la direction des ressources humaines du Medef : «Comprenez-vous que je suis votre patron ? Vous ne pouvez pas contacter la RH comme ça !» Ce qui arrange bigrement le Medef, peu soucieux d’être mêlé aux bisbilles internes de cette mini-structure.
Le CFC était pourtant censé représenter, à l’origine, tout le gratin du CAC 40 et même au-delà, recensant jusqu’à une centaine d’adhérents, au nom d’une «diplomatie économique» commune, parallèlement aux contrats ponctuels des uns et des autres. Mais ses membres se réduisent peu à peu, depuis que le comité a doublé (de 20 000 à 40 000 euros) la cotisation annuelle pour devenir membre «premium» : comprendre, une seule boîte par secteur. C’est ainsi que la Société générale a claqué la porte, BNP Paribas demeurant la seule grande banque membre. Même issue dans l’énergie, Veolia laissant la place à Suez. «Ce n’est plus qu’un club privé», déplore une ancienne salariée.
D’autant qu’il est désormais marginalisé par le Comité d’échanges franco-chinois (CEFC), qui regroupe des grandes firmes des deux pays, sous l’égide de Bercy et de son homologue à Pékin. Davantage dans l’orbite des pouvoirs publics que du Medef. Mais le CFC tente vaille que vaille de maintenir sa petite place, quitte à jouer de la confusion entre les deux organismes. Comme à propos de la visite d’Etat en Chine d’Emmanuel Macron, en avril 2023 : Sybille Dubois-Fontaine, malgré son insistance auprès de l’Elysée, ne faisait pas partie de la délégation officielle. Qu’à cela ne tienne, elle a pris son propre billet d’avion et loué une salle au Palais des peuples de Pékin, où se déroulait le principal raout.
Grâce à l’habileté de Jean Lemierre, PDG du conseil d’administration la BNP Paribas et vice-président du CFC, Emmanuel Macron et le président chinois Xi Jinping sont toutefois passés devant son stand : clic-clac, c’est dans la boîte ! «Tout pour la photo», grince une ex-employée. Du lobbying pour soi-même plutôt qu’en faveur de ses adhérents ? Sur Internet, le CFC se présente comme un «interlocuteur privilégié des autorités françaises et chinoises», ce qui serait désormais à démontrer. Mais aussi comme le «doyen des relations économiques franco-chinoises», car fondé en 1979.