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Echanges

Le Comité France Chine, un «club privé» et marginalisé dans les locaux du Medef

Censé représenter le gratin du CAC 40, l’association affiliée au syndicat patronal peine désormais à se faire une place au sein de la diplomatie économique.
Le Comité France Chine (CFC) est juridiquement distinct du Medef mais il est hébergé dans les locaux du syndicat patronal et partage les mêmes services informatiques. (Nicolas Messyasz/Hans Lucas)
publié le 10 janvier 2024 à 7h31

Club d’entreprises françaises visant à favoriser les échanges entre Paris et Pékin, le Comité France Chine (CFC) est juridiquement distinct du Medef, en tant qu’association à but présumé non lucratif. Mais il est hébergé dans les locaux du syndicat patronal, partage les mêmes services informatiques, et ses membres ont une adresse mail finissant en @medef.fr. Sa directrice générale Sybille Dubois-Fontaine, accusée par d’anciens salariés de harcèlement moral et de racisme, est toutefois très soucieuse de son autonomie. Elle a pu ainsi crier à une employée qui avait eu le toupet de se plaindre à la direction des ressources humaines du Medef : «Comprenez-vous que je suis votre patron ? Vous ne pouvez pas contacter la RH comme ça !» Ce qui arrange bigrement le Medef, peu soucieux d’être mêlé aux bisbilles internes de cette mini-structure.

Le CFC était pourtant censé représenter, à l’origine, tout le gratin du CAC 40 et même au-delà, recensant jusqu’à une centaine d’adhérents, au nom d’une «diplomatie économique» commune, parallèlement aux contrats ponctuels des uns et des autres. Mais ses membres se réduisent peu à peu, depuis que le comité a doublé (de 20 000 à 40 000 euros) la cotisation annuelle pour devenir membre «premium» : comprendre, une seule boîte par secteur. C’est ainsi que la Société générale a claqué la porte, BNP Paribas demeurant la seule grande banque membre. Même issue dans l’énergie, Veolia laissant la place à Suez. «Ce n’est plus qu’un club privé», déplore une ancienne salariée.

D’autant qu’il est désormais marginalisé par le Comité d’échanges franco-chinois (CEFC), qui regroupe des grandes firmes des deux pays, sous l’égide de Bercy et de son homologue à Pékin. Davantage dans l’orbite des pouvoirs publics que du Medef. Mais le CFC tente vaille que vaille de maintenir sa petite place, quitte à jouer de la confusion entre les deux organismes. Comme à propos de la visite d’Etat en Chine d’Emmanuel Macron, en avril 2023 : Sybille Dubois-Fontaine, malgré son insistance auprès de l’Elysée, ne faisait pas partie de la délégation officielle. Qu’à cela ne tienne, elle a pris son propre billet d’avion et loué une salle au Palais des peuples de Pékin, où se déroulait le principal raout.

Grâce à l’habileté de Jean Lemierre, PDG du conseil d’administration la BNP Paribas et vice-président du CFC, Emmanuel Macron et le président chinois Xi Jinping sont toutefois passés devant son stand : clic-clac, c’est dans la boîte ! «Tout pour la photo», grince une ex-employée. Du lobbying pour soi-même plutôt qu’en faveur de ses adhérents ? Sur Internet, le CFC se présente comme un «interlocuteur privilégié des autorités françaises et chinoises», ce qui serait désormais à démontrer. Mais aussi comme le «doyen des relations économiques franco-chinoises», car fondé en 1979.