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Justice

Le Conseil d’Etat confirme l’expulsion de l’imam Mahjoub Mahjoubi

Le Conseil d’Etat a confirmé ce vendredi 29 mars l’expulsion de l’imam tunisien qui officiait à Bagnols-sur-Cèze (Gard), jugeant établi le caractère sexiste de certains de ses prêches.
L'imam Mahjoub Mahjoubi à Soliman, en Tunisie, le 23 février. (FETHI BELAID/AFP)
publié le 29 mars 2024 à 19h13

Plus d’un mois après qu’il a été expulsé vers la Tunisie, le Conseil d’Etat a confirmé ce vendredi 29 mars la mesure qui a frappé l’imam tunisien Mahjoub Mahjoubi, estimant que certains de ses prêches incitaient à la discrimination envers les femmes et les juifs.

«Certains des propos tenus en public par l’intéressé, dans le cadre de prêches ayant eu une certaine audience, peuvent être tenus comme constituant des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination envers les femmes», affirme le jugement rendu en référé. Le Conseil d'Etat évoque aussi «des actes de provocation à la haine ou à la violence contre des groupes de personnes» et notamment, «dans le contexte international actuel, des propos relatifs aux juifs» ainsi que «ceux critiquant la société française et valorisant la guerre sainte».

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a salué dans cette décision une «victoire importante contre l’islam radical», dans un message publié sur X.

L’imam se dit prêt à saisir « la Cour européenne des droits de l’homme »

De son côté, Mahjoub Mahjoubi a réagi ce vendredi soir sur BFMTV, en assurant qu’il allait «continuer à [se] défendre». «La seule chose qu’on me reproche aujourd’hui, c’est soi-disant mes propos dégradants sur la place de la femme de la société», dit l’imam, ce qu’il conteste. «On n’a pas fini, il y a d’autres juridictions, on ne baissera pas les bras, on va aller jusqu’au bout. Vous n’avez pas fini d’entendre parler de Mahjoub Mahjoubi, cela va continuer», a encore assuré l’imam, qui se dit prêt à aller «jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme».

L’imam de Bagnols-sur-Cèze (Gard) avait été interpellé puis expulsé le 22 février vers la Tunisie. Saisi en référé, le tribunal administratif avait validé ce renvoi le 4 mars. Le Conseil d'Etat note que Mahjoub Mahjoubi, étant marié à une Tunisienne vivant en France avec laquelle il a eu six enfants, «n’est pas dépourvu de toute attache en Tunisie», ce qui fait que l’expulser ne contrevient pas au respect de sa vie familiale.

Mahjoub Mahjoubi, visé par une enquête pour apologie du terrorisme et des prêches radicaux, avait été expulsé peu après son interpellation. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait alors dénoncé un «imam radical aux propos inacceptables».

L’imam s’était fait connaître quelques jours auparavant pour une vidéo circulant sur les réseaux sociaux dans laquelle il qualifiait le «drapeau tricolore» - sans préciser s’il s’agissait du drapeau français - de «drapeau satanique» qui n’aurait «aucune valeur auprès d’Allah». Il s’était ensuite défendu en évoquant un «lapsus», expliquant qu’il dénonçait en réalité les rivalités entre supporters des pays du Maghreb lors de la récente Coupe d’Afrique des nations de football.