Un chronomètre a réglé l’adolescence de Joy. Sa mère enclenchait le minuteur à chaque sortie. S’il sonnait avant son retour, c’était le savon assuré. De sorte que Joy ne flânait jamais dehors la nuit tombée dans son quartier des Moulins, dans l’ouest de Nice (Alpes-Maritimes). Elle l’assure : «A cette heure-là, il n’y a que les rats.» C’est entre 23 heures et 6 heures que le maire Christian Estrosi (Horizons) «réinstaure le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans». L’arrêté municipal devrait débuter ce mercredi 1er mai. Un précédent couvre-feu avait été appliqué de 2009 à 2020.
Joy est aujourd’hui une agente d’escale de 22 ans. Quand elle part tôt le matin pour l’aéroport, et quand elle rentre tard le soir après le sport, elle ne croise pas d’ados. «Les mères ne les laissent pas, affirme-t-elle au pied de son immeuble, où on l’a rencontrée dans la soirée du jeudi 25 avril. Il n’y a rien à faire ici. Les seuls regroupements, c’est les trafiquants. Et ce ne sont pas des enfants.» Il est minuit. Joy a enfilé un peignoir contre le froid. Pas l’ombre d’un mineur de 13 ans seul. «Il y a des enfants le soir dans la rue uniquement en été, quand il fait vraiment trop chaud, estime Joy. On n’a pas la clim dans les appartem