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Perpétuité

Libération de Georges Abdallah, emprisonné depuis 40 ans : la justice rendra sa décision le 17 juillet

Le Libanais est en prison depuis quarante ans pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien en 1982.
Une affiche «Liberté pour Georges Abdallah» collée à l'extérieur de la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), le 25 octobre 2014. (Laurent Dard /AFP)
publié le 18 juin 2025 à 15h50
(mis à jour le 19 juin 2025 à 15h20)

La cour d’appel de Paris rendra sa décision le 17 juillet sur le sort du militant libanais propalestinien Georges Abdallah, emprisonné en France depuis 40 ans, et dont une nouvelle demande de libération a été examinée jeudi 19 juin. «J’ai dit aux juges : “Soit vous le libérez, soit vous le condamnez à mort”», a déclaré son avocat Jean-Louis Chalanset aux médias à la sortie de l’audience, non publique, ce jeudi 19 juin.

Georges Abdallah est en prison depuis quarante ans pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien en 1982. La cour d’appel de Paris devait rendre sa décision le 20 février mais avait surpris en annonçant à la dernière minute son report : «En l’état, il n’est pas possible de faire droit» à sa demande, avaient écrit les magistrats, estimant «nécessaire, au préalable», qu’il s’acquitte au moins en partie des dommages et intérêts dus aux parties civiles.

Dans son arrêt, elle s’était toutefois dite favorable à sa remise en liberté avec départ immédiat pour le Liban (prêt à l’accueillir), dans la lignée de la décision rendue en novembre par le tribunal d’application des peines, immédiatement suspendue par un appel du Parquet national antiterroriste (Pnat). Aujourd’hui âgé de 74 ans, Georges Ibrahim Abdallah ne présente plus de «risque grave» de récidive ni de «trouble à l’ordre public» en cas de libération, avait estimé la cour.

«Mesquinerie juridique»

Mais le militant propalestinien condamné à la perpétuité en 1987 a toujours refusé d’indemniser les parties civiles – les familles des diplomates assassinés à Paris, ainsi que les Etats-Unis. Tout en niant son implication, il a qualifié de manière constante les assassinats d’«actes de résistance» contre «l’oppression israélienne et américaine» dans le contexte de la guerre civile libanaise et l’invasion israélienne au Sud-Liban en 1978.

«Sans évolution sur ce point, il apparaît vain d’espérer» qu’il indemnise les victimes une fois rentré au Liban alors que la justice française ne pourra plus l’y contraindre, avait expliqué la cour pour justifier le report de l’examen de sa demande. Ce délai devait «permettre» à Georges Abdallah de «justifier» d’un «effort conséquent» d’indemnisation. Une «mesquinerie juridique» et une «torture morale» pour celui qui est libérable depuis vingt-cinq ans mais a vu sa dizaine de demandes de libération conditionnelle échouer, avait dénoncé l’avocat de Georges Abdallah, Me Jean-Louis Chalanset.

En vue de la nouvelle audience – non publique – de jeudi, l’avocat a cependant transmis à la cour des documents indiquant qu’il y a sur le compte de Georges Abdallah en prison une somme «d’environ 16 000 euros», «à la disposition des parties civiles si celles-ci sollicitent le versement». Sans préciser d’où venait l’argent ni s’épancher sur la position de son client. Selon Me Chalanset, figuraient déjà, avant la demande de la cour, quelque 4 000 euros sur le compte dédié à l’indemnisation des parties civiles du détenu, somme «qui n’a jamais été demandée». «Les conditions de la cour sont réunies, on attend sa libération», a-t-il déclaré avant l’audience.

Mardi soir à Toulouse, plusieurs centaines de militants propalestiniens se sont rassemblés pour exiger la sortie de prison du militant détenu à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), à une centaine de kilomètres. «Aujourd’hui cette libération est à notre portée», a affirmé dans le cortège Tom Martin, ancien porte-parole du collectif Palestine vaincra, dissous en février. «C’est essentiel de montrer qu’en dépit de quarante ans de détention, Georges Ibrahim Abdallah demeure fidèle à ses principes et idéaux […] mais aussi qu’il peut encore compter sur un mouvement de solidarité extrêmement important», a-t-il expliqué, dénonçant les «arguties juridiques» et le «chantage au reniement» des autorités françaises pour retarder sa libération.

Billet d’avion Paris-Beyrouth

Côté parties civiles, les Etats-Unis, qui se sont farouchement opposés à chaque demande de libération de Georges Abdallah, ont signalé une décision récente de la Cour de cassation concernant les conditions de la libération conditionnelle, espérant qu’elle pousse les magistrats à revoir leur arrêt de février. Leur avocat, Me Thierry Marembert, n’a pas souhaité s’exprimer.

A l’issue de l’audience jeudi, la cour mettra vraisemblablement sa décision en délibéré à une date ultérieure. Selon une source proche du dossier, le ministère de l’Intérieur a contacté ces derniers jours l’ambassade du Liban à Paris pour s’assurer qu’en cas de feu vert, les autorités locales prévoyaient un laissez-passer et prendraient en charge son billet d’avion Paris-Beyrouth, ce que l’ambassade a confirmé. Avant cela, son transfert depuis Lannemezan vers la capitale serait assuré par les forces de l’ordre françaises.

Georges Abdallah, tombé dans l’oubli au fil des ans alors qu’il était au moment de sa condamnation l’un des plus célèbres prisonniers de France, est un «symbole passé de la lutte palestinienne», estimait la cour dans son arrêt de février, soulignant que son groupuscule de chrétiens libanais laïcs, marxistes et propalestiniens nommé Fraction armée révolutionnaire libanaise (Farl), dissous depuis longtemps, «n’a pas commis d’action violente depuis 1984».

Mise à jour à 15h19 avec l’annonce du délibéré le 17 juillet.