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Justice

Le fondateur du site controversé Coco mis en examen

Violences sexuellesdossier
La plateforme de chat et de rencontre, dont le nom apparaît dans l’affaire des viols de Mazan ou encore lors de guet-apens homophobes, avait été fermée en juin. Son créateur a été mis en examen ce jeudi 9 janvier.
La messagerie Coco utilisée sur un smartphone, le 19 avril 2024 à Paris. (Serge Tenani /Hans Lucas. AFP)
publié le 7 janvier 2025 à 16h00
(mis à jour le 9 janvier 2025 à 16h26)

Agressions, guets-apens homophobes… Le site Coco a récemment fait parler de lui en raison des nombreuses infractions qu’il a permises. Son fondateur a été mis en examen ce jeudi 9 janvier, a appris Libération auprès du parquet de Paris, pour une litanie d’infractions sur deux périodes distinctes.

Il est reproché à Isaac S. des faits de «complicité de trafic de stupéfiant», «complicité de détention et de diffusion d’images pédopornographique», «complicité de corruption de mineur par personne en contact avec la victime par un réseau de communication électronique», «proxénétisme aggravé», «participation à une association de malfaiteurs» et «blanchiment aggravé», pour une période allant du 1er janvier 2018 au 28 juin 2024. Il est aussi mis en examen pour «administration d’une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée» et «intermédiation ou séquestre au moyen d’une plateforme en ligne ayant pour objet de mettre en œuvre, dissimuler ou faciliter une transaction illicite en bande organisée», pour une période qui s’étale entre le 26 janvier 2023 et le 28 juin 2024.

Le créateur du site Coco a été placé sous contrôle judiciaire avec l’obligation de payer une caution de 100 000 euros et l’interdiction de quitter le territoire français. Il avait été placé en garde à vue mardi dans le cadre d’une enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO), sous la direction d’un juge d’instruction, expliquait alors le parquet de Paris.

Le parquet de Paris avait annoncé cet été la fermeture de cette plateforme, critiquée de longue date par des utilisateurs et des associations de défense de l’enfance et de lutte contre l’homophobie. Dans un communiqué de presse daté du 28 juin, la procureure de la République de Paris Laure Beccuau, faisait part de l’ouverture d’une information judiciaire. Selon le document, «l’enquête préliminaire avait été initiée en décembre 2023, la JUNALCO a alors centralisé les procédures de 71 parquets, au préjudice de plus de 480 victimes. Au total plus de 23 000 faits ont été dénoncés comme ayant été commis par l’intermédiaire de «Coco»».

Déchu de la nationalité française à sa demande

Ce même communiqué précisait alors qu’un homme de nationalité italienne, né en janvier 1980 et «soupçonné d’être l’administrateur du site» avait été entendu par les magistrats en Bulgarie. Selon Le Parisien, Isaac S. - un informaticien - a été déchu de sa nationalité française à sa demande, en 2023, pour prendre la nationalité italienne et mettre les voiles vers la Bulgarie. Se sentant pressurisé par la justice, il s’est rendu de lui-même à la gendarmerie ce mardi, sur convocation judiciaire.

Son site de chat à la réputation sulfureuse, facile d’utilisation - il suffisait d’y entrer son pseudo, son genre, son âge et son code postal (qu’ils soient vrais ou faux) - a reçu près 800 000 visiteurs par mois, comme le note RMC. Parmi les affaires traînées par Coco, on retrouve celle des «viols de Mazan», mais aussi celle de l’agression mortelle en avril à Grande-Synthe de Philippe C.

Mise à jour : ce jeudi 9 janvier à 16h26, avec l’ajout de la mise en examen du fondateur de Coco.