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Justice

Le géant des télécoms chinois Huawei visé par une perquisition à Paris

Selon le parquet, l’opération a eu lieu ce mardi 6 février dans le cadre d’une procédure portant sur des soupçons d’atteintes à la probité. Mais les détails de l’affaire n’ont pas été communiqués.
Les bureaux de Huawei en France, à Boulogne-Billancourt. (Daniel Pier/NurPhoto. AFP)
publié le 8 février 2024 à 16h56
(mis à jour le 8 février 2024 à 16h56)

Comme l’a révélé le média en ligne L’informé, ce jeudi 8 février, les bureaux parisiens du géant des télécoms chinois Huawei ont été perquisitionnés mardi dans le cadre d’une procédure portant sur des soupçons d’atteintes à la probité. L’information a été confirmée à l’AFP par une source judiciaire qui a précisé que cette enquête préliminaire était menée par des magistrats du Parquet national financier (PNF). Les atteintes à la probité regroupent les infractions telles que la corruption, le trafic d’influence ou la prise illégale d’intérêts.

Mais les accusations portées contre la société demeurent pour le moment inconnues. En avril 2022, le magazine Challenges avait annoncé qu’une enquête préliminaire sur Huawei avait été ouverte à Nanterre et confiée à la Brigade financière de Paris, à la suite d’un signalement en janvier 2021 de l’Agence française anticorruption (AFA) sur de possibles abus de bien sociaux et de la fraude fiscale. La source judiciaire citée par l’AFP indique cependant que la perquisition survenue mardi ne découle «pas d’une enquête émanant de Nanterre sur signalement de l’AFA».

Accusations d’espionnage

Arrivé en 2003 en France, où il a ouvert six centres de recherche et un centre mondial de design à Paris, Huawei fait en ce moment construire une usine en Alsace, sa première hors de Chine, avec l’objectif d’y commencer «fin 2025» sa production d’équipements pour réseaux télécoms mobiles, notamment 5G. L’entreprise, dont le siège français est situé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), à quelques pas du périphérique parisien, revendique une part de 20 % du marché français des infrastructures télécoms, malgré les fortes restrictions issues de la loi dite «anti-Huawei». Un texte adopté en 2019, qui visait à prémunir les réseaux français de «risques d’espionnage, de piratage et de sabotage» permis par la 5G.

Fondée en 1987, la société privée Huawei, non cotée en Bourse, affirme employer plus de 200 000 personnes dans plus de 170 pays et régions. Basée dans la métropole de Shenzhen, dans le sud de la Chine, elle est depuis plusieurs années au centre d’une intense rivalité technologique entre Pékin et Washington. Sans avancer de preuve, les Etats-Unis accusent l’entreprise de pouvoir espionner au profit des autorités chinoises, ce que Huawei conteste fermement. En juin, la Commission européenne avait estimé que les fournisseurs chinois d’équipements télécoms, dont Huawei, premier équipementier mondial pour la 5G, cinquième génération de l’internet mobile, représentaient un risque pour la sécurité de l’Union européenne. Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, avait ainsi appelé les 27 pays membres de l’UE et les opérateurs télécoms à exclure ces équipements de leurs réseaux mobiles.