Les salariés peuvent enfin souffler. Après de multiples rebondissements, le tribunal judiciaire de Strasbourg a annoncé ce lundi 8 juillet la reprise du groupe sidérurgique français Ascometal, par le fonds d’investissement britannique Greybull. L’entreprise, en redressement judiciaire depuis le mois de mars lorsque son actionnaire Swiss Steel a quitté le navire faute de moyens, sauve ainsi la quasi-totalité de ses 800 salariés – seuls 23 emplois seraient supprimés dans cette nouvelle holding. Cette offre est en revanche conditionnée à une importante aide de l’Etat.
Cette fois encore, les salariés du groupe ne sont pas passés loin de la liquidation. Deux groupes, l’italien Venete et le français Europlasma, en lice pour reprendre Ascometal, s’étaient finalement désistés à la veille de l’audience du 28 juin à Strasbourg. Il ne restait alors plus qu’une offre, celle de Greybull, qui préserve les trois sites français d’Ascometal, situés à Hagondange (Moselle), à Custines (Meurthe-et-Moselle) et à Saint-Etienne (Loire). Greybull prévoit même d’investir dans une «voie lingot» à Hagondange, destinée à produire des lingots pour la fabrication d’obus, et de rouvrir le laminoir à Dunkerque, qui avait été fermé en 2019.
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Selon le ministère de l’Economie, «cette offre a été permise par un accompagnement financier important de l’Etat qui prendrait en cas de validation du tribunal la forme à très brève échéance d’un prêt de 45 millions d’euros pour favoriser une croissance solide et pérenne de l’entreprise dans le respect du régime des aides d’Etat».
L’offre de Greybull «prévoit 175 millions d’investissements au total, mais le gros de la somme doit être apporté par l’Etat», avait déclaré Yann Amadoro, délégué CGT, à l’issue de l’audience qui s’était tenue fin juin devant la chambre commerciale du tribunal.
«Absence de tout plan de sauvegarde pendant trois ans»
Tous les signaux étaient au vert depuis. La CFDT Ascometal Hagondange a déclaré, mercredi, avoir «une très bonne nouvelle», indiquant que, selon un courrier de la direction générale du Trésor adressé aux administrateurs judiciaires, «l’Etat français s’engage financièrement dans la reprise par Greybull Capital à hauteur des sommes demandées, soit 45 millions d’euros pour 2024, suivis en 2025 de 40 millions d’euros», sous forme de prêts. «Le courrier précise également l’apport de 90 millions d’euros du repreneur», ainsi qu’un engagement de Greybull sur la «préservation de l’emploi et l’absence de tout plan de sauvegarde pendant trois ans», souligne la CFDT dans ce message publié sur la page Facebook du syndicat.
Leader français des aciers spéciaux, Ascometal était en difficulté depuis déjà plusieurs années. Le devenir d’un autre site du groupe, l’aciérie de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, avait été tranché par le tribunal le 31 mai, et doit être reprise par l’industriel italien Marcegaglia, permettant de sauver 330 emplois.