Un motard à terre au pied d’un platane, sur la contre-allée du boulevard Michelet, dans le sud de Marseille. Il ne bouge plus, sa main encore accrochée au guidon de sa Honda 125 bleu nuit. Il est bientôt 13 heures ce mercredi 21 octobre 1981 et les quelques passants qui s’approchent pensent à un accident de la circulation. L’un d’eux intercepte un fourgon de gendarmerie, de retour de la prison des Baumettes voisine. Lorsque l’agent s’avance vers la victime, il remarque un filet de sang qui s’échappe de son casque intégral blanc. Une balle l’a touché à la base du cou, une autre à l’épaule et une troisième en plein thorax. Dans la poche de son blouson noir, à l’intérieur de son portefeuille, le gendarme trouve une carte professionnelle : Pierre Michel, premier juge d’instruction au tribunal de Marseille. Mort sur le coup, à 38 ans.
«Qui a tué le juge Michel ?» s’interroge dès le lendemain le Provençal à sa une, sous la photo glaçante de la scène du crime. L’émoi est national. L’image, violente, en convoque une autre, celle d’une voiture aux vitres brisées par les balles, publiée six ans plus tôt : François Renaud, lui aussi juge en charge des dossiers de grand banditisme, lui aussi assassiné à Lyon par trois meurtriers jamais retrouvés. A Marseille, l’enquête s’annonce corsée. Des témoins ? Une lycéenne terrorisée raconte : deux hommes à moto ont rattrapé le juge à un stop, c’est le passager arrière qui a tiré, avant que le duo ne prenne la fuite. Des indices ? Ju