Le ministère de l’Intérieur est-il soluble dans l’extrême droite ? L’ogre aux 300 000 agents a des prérogatives qui sont au cœur du programme du Rassemblement national : sécurité, immigration, religions, renseignement… Dans cette administration très politique, bras armé de l’exécutif, rares sont les voix inquiètes quant à la perspective de l’accession au pouvoir du parti lepéniste.
Au contraire, les uniformes penchent à droite. D’après une étude d’avril menée par le directeur de recherche Luc Rouban, ils étaient 58 % de policiers et militaires à projeter un vote pour les «droites radicales» (RN, Reconquête, Les Patriotes, UPR) aux élections européennes – la propension au vote extrême ayant tendance à diminuer à mesure que l’on monte dans la hiérarchie. Le RN surfe d’ailleurs sur cette inclination. «Je suis gendarme, je vote Bardella», proclamait une affiche de la campagne des européennes, où cohabitent étroitement le nom du parti d’extrême droite et le «Gendarmerie» inscrit sur l’uniforme d’un militaire pris en photo de dos. «Inadmissible», réagissait le directe