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Justice

Le ministre de l’Intérieur porte plainte pour diffamation contre quatre députés LFI pour leurs propos sur la police

Beauvau a annoncé mercredi soir un dépôt de plainte de Laurent Nuñez contre Manon Aubry, Paul Vannier, Aurélien Taché et Ersilia Soudais, après que les insoumis ont mis en cause les forces de l’ordre à l’occasion des 20 ans de la mort de Zyed et Bouna.

Laurent Nuñez, le 23 septembre 2024 à Paris. (Albert Facelly/Libération)
Publié le 30/10/2025 à 10h33, mis à jour le 30/10/2025 à 10h34

Il est le premier flic de France, pas touche à ses effectifs. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a porté plainte pour diffamation contre quatre députés LFI, dont Manon Aubry et Aurélien Taché, pour leur mise en cause de la police à l’occasion des 20 ans de la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a indiqué mercredi 29 octobre au soir le ministère. Les députés Paul Vannier et Ersilia Soudais sont également visés par la plainte, a-t-on précisé à Beauvau.

Le 27 octobre 2005, après avoir été poursuivis par la police, Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, sont morts électrocutés dans un site EDF où ils avaient trouvé refuge. Leur mort a provoqué une vague d’émeutes dans tout le pays pendant trois semaines.

«Il y a vingt ans, Zyed Benna et Bouna Traoré ont été tués lors d’un contrôle policier. Depuis rien n’a changé. Le racisme et la violence continuent de ronger la police et de causer des morts. Cessons de fermer les yeux et stoppons l’impunité, pour la justice et la paix», avait écrit lundi sur X Manon Aubry. «Depuis la mort de Zyed et Bouna, 162 personnes ont perdu la vie lors de contrôles de police. 20 ans après, les histoires se répètent : la police tue toujours, et les victimes sont les mêmes», a posté sur le même réseau social Aurélien Taché.

Une plainte déjà en août

«Je condamne totalement […] ces propos», a réagi mercredi soir sur le plateau de C à vous sur France 5 Laurent Nuñez. «On laisse à penser que de manière systémique dans la police, il y a finalement cette volonté de tuer, de s’en prendre à des jeunes, plutôt issus de la diversité», a-t-il dénoncé, reprochant aux députés LFI d’employer les expressions de «police coloniale» et de «police qui tue».

Après la mort des deux adolescents, «qui est évidemment un drame», «la justice a été saisie et n’a pas condamné les policiers parce que l’action était proportionnée, parce que c’était dans le cadre de leur action normale», a commenté le ministre. Les deux policiers, poursuivis pour non-assistance à personne en danger après le drame, ont été relaxés en 2015.

En août déjà, Aurélien Taché, avait fait l’objet d’une plainte, tout comme le député Aly Diouara, pour des propos similaires. Laurent Nuñez était à l’époque préfet de police de Paris. Contacté ce jeudi par Libé, Aly Diouara, député de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, indique n’avoir eu depuis «aucune notification ou autre information relative à cette plainte qui n’a d’ailleurs aucune chance d’aboutir».

Même son de cloche du côté d’Aurélien Taché : «absolument aucune» nouvelle de la plainte déposée cet été à son encontre par le préfet du Val-d’Oise. Ce dernier avait dénoncé des propos «diffamatoires, injurieux et mensongers» à l’égard des policiers, tenus par le député de la 10e circonscription du département. Auprès de Libé, l’élu évoque une «communication politique trumpienne problématique» avec pour objectif «d’intimider».