C’est le premier procès emblématique des dérives de la lutte antidrogue. L’ex-numéro 3 de l’Office des stups (Ocrtis, devenu Ofast) et actuel patron adjoint de la PJ de Bordeaux, Stéphane Lapeyre, va être jugé à Paris à partir du lundi 30 octobre pour «complicité de trafic de drogue» aux côtés de huit autres prévenus, dont son ancien subordonné Jocelyn Berret. Tous deux sont accusés d’avoir monté de toutes pièces une importation de drogue dans le seul but de réaliser une belle saisie. Deux de leurs informateurs auraient ainsi convaincu un homme tout juste sorti de prison, Jean-Michel L., de faire venir de la cocaïne depuis la Guyane sans prendre le moindre risque grâce à un passage sécurisé à l’aéroport.
Un de ces indics, Lionel K., est allé jusqu’à remettre plus de 70 000 euros à la cible avant de lui indiquer le portique par lequel passer à la douane au départ vers Cayenne, ainsi que la date à laquelle la marchandise devait être remise au fret d’Orly. En l’absence de trafic préexistant, la manœuvre s’apparente à une provocation policière, formellement prohibée par le code pénal. «J’ai fait tout ce qu’on m’a demandé, à savoir ce que les services de l’Ocrtis m’ont demandé de faire», a expliqué en garde à vue Lionel K., enregistré au Bureau central des sources, le fichier où sont officiellement répertoriés tous les indics de la PJ.
Gonfler les statistiques
Si la drogue a pu passer sans encombre, c’est uniquement grâce aux policiers des stups qui ont eu recours à une livraison surveillée,