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Libération
Violences faites aux femmes

Le premier féminicide de l’année a eu lieu le 1er janvier 2025 dans le Nord

Seulement trois ou quatre heures après le début de 2025, les secours ont reçu un appel du compagnon d’Isabelle expliquant «avoir fait une bêtise» à Hautmont (Nord). Le corps de cette femme de 51 ans a été retrouvé roué de coups.
En 2023, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en France, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur. (Bruno Coutier/AFP)
publié le 3 janvier 2025 à 15h58

Elle s’appelait Isabelle. Agée de 51 ans, l’aide à domicile était décrite comme «dévouée aux autres», «empathique» et «avenante» par ses proches, rapporte la Voix du Nord. Au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, elle est devenue la première victime de féminicide de 2025. Seulement trois ou quatre heures après le début de la nouvelle année, les secours du Nord ont reçu un appel de son compagnon. L’homme de 49 ans expliquait alors «avoir fait une bêtise».

Le corps d’Isabelle a été retrouvé mercredi par les pompiers au domicile familial à Hautmont (Nord) après l’«appel d’un homme qui, sur place, indiquait avoir tué» sa compagne, a souligné le parquet de Valencienne dans un communiqué de presse. Cette mère de deux enfants majeurs avait «reçu plusieurs coups sur l’ensemble du corps». Présent sur place, le suspect a été interpellé «sans incident» et «ne présentait aucun antécédent judiciaire». Mis en examen pour homicide volontaire par conjoint, le compagnon d’Isabelle a été placé en détention provisoire jeudi, a indiqué ce vendredi 3 janvier le parquet de Valenciennes.

Le 11 décembre, le mis en cause avait «exprimé la volonté de mettre fin à ses jours» et la police s’était rendue au domicile du couple. Il avait, cinq jours plus tôt, notamment déposé une main courante auprès du commissariat de Maubeuge «indiquant qu’il soupçonnait sa femme d’adultère», a continué le communiqué.

«On n’interroge jamais le passé de la victime»

Une précision du parquet que la ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes, Aurore Bergé, n’a pas apprécié. «On n’interroge jamais le passé de la victime, ce n’est pas ça qui nous importe», a-t-elle martelé ce vendredi sur France Inter. Elle a, à cette occasion, réaffirmé qu’elle se rendrait sur place «à la demande du maire d’Hautmont, pour comprendre, pour écouter et surtout, surtout, pour agir». Deux jours plus tôt, Aurore Bergé s’était indignée sur X : «Il s’agit du premier féminicide de 2025, déjà un de trop. La détermination du gouvernement est totale pour endiguer ce fléau. Et tous les moyens seront mobilisés».

Le maire d’Hautmont Stéphane Wilmotte (divers droite) a quant à lui déploré dans un message sur Facebook un drame qui «nous rappelle l’urgence de lutter contre toutes les formes de violence, en particulier les violences intrafamiliales et conjugales». «Notre territoire connaît malheureusement une progression de ces violences», écrit l’élu.

En 2023, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19 % par rapport à 2022, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur publié fin novembre. La fédération Nord du Parti communiste a appelé dans un communiqué à «agir collectivement pour que de tels drames cessent», tandis que le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a déploré sur X que «les gouvernements se succèdent sans répondre à ce fléau».