Elle s’appelle Bahareh Akrami mais tous ceux qui ont suivi – de près ou de loin – le procès des attentats du 13 Novembre l’appellent «Baboo». Presque chaque soir, cette Parisienne de 39 ans, rescapée de la terrasse du Carillon, raconte les audiences dans des courtes planches dessinées, fines et acérées, publiées sur Twitter et Instagram. Son sens du détail et son humour font mouche et parlent autant aux parties civiles qu’aux avocats et autres professionnels du droit : on lui doit notamment le surnom maintenant consacré de Jean-Louis Périès, le président de la cour d’assises spécialement composée de Paris, affectueusement rebaptisé «Loulou» dans ses croquis.
Free-lance dans la communication, elle a mis un peu de temps avant de démarrer le projet. Elle traverse les premiers mois d’audience en quasi-solitaire, remplit des pages et des pages de carnets de notes, «monopolise la parole à quelques soirées» tellement elle ressent le besoin de parler de ce qu’elle vit dans la grande salle d’audience. «J’étais un peu frustrée, je voyais que tout le monde donnait son avis sur le procès sur les réseaux sociaux. Je me suis dit : “Vas-y, moi aussi je veux donner mon avis ! Mais je vais le faire à ma façon”», confie-t-elle, rieuse et spontanée. Les premiers dessins arrivent début janvier, avec les interrogatoires des accusés sur les faits, sans trop savoir combien de temps elle continuera. «Ça m’a fait du bien, ça m’a permis d’extérioriser, d’échanger…» Très vite, plusieurs parties civiles viennent la voir pour la remercier d’adoucir des journées de débat longues et éprouvantes. «C’était dingo ! C’est devenu un truc pour me rendre utile et je ne pouvais plus vraiment arrêter.»