En quinze ans de présentation du jeu (2006-2021) Tout le monde veut prendre sa place, Nagui en a vu passer, des candidats. Mais combien de serial killers ? Au moins un, avait révélé Patricia Tourancheau dans son livre enquête le Grêlé : le tueur était un flic. Ce mardi 12 mars, Marianne dépoussière à nouveau l’affaire en annonçant avoir retrouvé la vidéo de l’émission à laquelle François Vérove a participé sur France 2 (il ne dépassera pas la première épreuve).

Datée du 13 mai 2019, soit deux ans avant que le tueur ne soit percé à jour, la vidéo montre «François», un retraité des forces de l’ordre tout sourire. L’homme de 57 ans se présente comme un ancien policier vivant à La Grande-Motte (Hérault), plaisante sur sa carrière passée, notamment lorsqu’il patrouillait à cheval – il dit avoir commencé comme gendarme dans la Garde républicaine, notamment dans le bois de Vincennes. La scène, a posteriori, est glaçante. «Vous assurez la sécurité quotidienne des promeneurs, le jour uniquement, retrace le violeur et tueur en série le plus recherché des années 80. La nuit, c’est autre chose.» «C’est un autre étalon qui arrive», renchérit Nagui graveleux. Rires dans le public. Au total, on lui attribue six meurtres et quatre viols dans la capitale entre 1986 et 1997, sur des enfants comme des adultes.

Pas de quoi le dissuader, donc, de s’exposer en pleine lumière dans une émission télévisée à succès retransmise le midi. «La participation hallucinante de François Vérove au jeu télévisé de Nagui confirme qu’il ne se cachait pas, comme le dit sa femme dans une audition que je reproduis dans le dernier chapitre inédit de mon livre [ressorti le 23 février aux éditions Points]», abonde auprès de Libération Patricia Tourancheau, qui poursuit : «Il était monsieur tout-le-monde, policier à la retraite et conseiller municipal de Prades-le-Lez, bon papy qui promène ses petits-enfants dans une carriole le long de la plage et qui rend service à ses voisins. Aller se montrer ainsi sur un plateau de télévision dans une émission populaire relève un peu du défi.» Pour la journaliste, «même si son physique et son visage ont tellement changé depuis 1986-1987, au point qu’il ne risque pas d’être reconnu par ses victimes, Vérove nargue les gens. Il ose d’ailleurs une blague sur le bois de Vincennes. Il omet bien sûr de dévoiler, comme je le révèle dans mon livre, que lui-même a été chopé en uniforme de gendarme et avec son arme en octobre 1986 avec un travesti dans le bois de Vincennes, ce qui lui a valu dix jours d’arrêt».

Au fil des décennies, son affaire, dite du Grêlé – surnom donné au meurtrier après que le frère d’une fillette assassinée l’avait décrit avec une peau granuleuse –, s’est muée en cold case. De Montpellier à La Grande-Motte, en passant par Prades-le-Lez, François Vérove a entre-temps quitté l’Ile-de-France pour le Sud.

C’est en 2021, alors que le fait divers réapparaissait de temps à autre dans des émissions et podcasts dédiés aux criminels, que l’homme a été confondu, mettant fin à trente-cinq ans d’interrogations dans un ultime coup de théâtre dramatique. Convoqué dans le cadre de l’affaire pour effectuer un prélèvement ADN, le retraité de 59 ans se savait en sursis. Il a choisi de se suicider, laissant derrière lui une lettre d’aveux, une femme et deux enfants. On retrouvera son corps le 29 septembre 2021 dans un appartement loué sur Airbnb au Grau-du-Roi, dans le Gard.

Mise à jour : ce mercredi 13 mars à 10 h 30 avec les déclarations de la journaliste Patricia Tourancheau.