En football, on appelle ça un but contre son camp. Ce samedi dans la soirée, le Rassemblement national publiait sur son compte X une photo d’un gendarme, de dos, accompagné de la légende suivante : «Je suis gendarme. Le 9 juin, je vote Jordan Bardella ! Parce que je souhaite que les Français vivent en sécurité dans un pays où l’ordre est respecté et où on ne risque pas sa vie pour un regard de travers, le 9 juin je vote pour la liste de Jordan Bardella !»
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Manque de chance, le directeur de la gendarmerie nationale, le général Christian Rodriguez, est tombé sur le tweet en question. Et n’a pas apprécié que ses hommes soient associés à la propagande électorale de l’extrême droite. «Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce genre de message, a-t-il répondu au RN sur X ce dimanche 2 juin. Et le moins qu’on puisse attendre, c’est que vous respectiez le gendarme et son statut, dans ces périodes où son engagement peut le conduire aux pires conséquences. Ce message est inadmissible.»
Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce genre de message. Et le moins qu’on puisse attendre, c’est que vous respectiez le gendarme et son statut, dans ces périodes où son engagement peut le conduire aux pires conséquences.
— Christian Rodriguez (@Ch_RGZ) June 2, 2024
Ce message est inadmissible
Sollicité, le Rassemblement national a estimé que la publication était «tout à fait légale», l’image ne montrant pas «le visage d’un gendarme». «Nous publions des visuels sur de nombreuses professions», a encore fait valoir le parti à la flamme, en référence notamment à une autre affiche arborée du slogan «Je suis militaire, je vote Bardella», illustrée d’un gros plan sur une personne de profil portant un uniforme militaire français, sans faire apparaître son visage.
Selon le site gouvernemental Service Public, «le devoir de réserve désigne l’obligation faite à tout agent public de faire preuve de réserve et de retenue dans l’expression écrite et orale de ses opinions personnelles», «pendant et en dehors du temps de travail». Le Code de la Défense dispose par ailleurs que «les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire. Cette règle s’applique à tous les moyens d’expression».