Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.
Nom : Karim Sebaoui
Age : 40 ans
Profession : informaticien dans une banque
Faits : venu à Mazan une fois, dans la nuit du 27 au 28 juin 2020, il est également jugé pour détention d’images pédopornographiques
Statut : comparaît libre après 18 mois de détention provisoire
Peine requise : 14 ans de réclusion criminelle et interdiction d’avoir une activité en lien avec les mineurs pendant dix ans
Verdict : 10 ans de réclusion criminelle, interdiction définitive d’avoir une activité en lien avec les mineurs, mandat de dépôt.
«Moi à la base, sur coco.fr, je recherchais uniquement une femme, explique à la cour criminelle du Vaucluse Karim Sebaoui. Après, lui, il m’a expliqué qu’il cherchait un homme pour leur couple, pour avoir une relation sexuelle avec madame alors qu’elle était endormie.» L’accusé de 40 ans ne peut pas nier la connaissance qu’il avait de l’état de Gisèle Pelicot. Il fait partie des rares accusés pour lesquels on dispose d’échanges écrits entre lui et Dominique Pelicot. Les enquêteurs ont retrouvé une conversation sur Skype dans laquelle Karim Sebaoui demande, juste avant son arrivée, si «le somnifère fait effet».
«J’étais convaincu qu’ils étaient complices, poursuit-il pendant son interrogatoire. Dans mon esprit, il s’agit d’un couple de quinquagénaires, dont le mari est médecin. Je n’imagine pas qu’il va mettre sa femme en danger.» Et d’insister : «Je ne me suis pas rendu chez cette personne dans le but de commettre un crime et je n’avais pas conscience que madame n’était pas consciente.» Egalement poursuivi pour détention d’images pédopornographiques, il assure qu’il s’agit d’un «téléchargement involontaire», ce qui est «impossible», selon les enquêteurs. Karim Sebaoui n’a jamais connu son père. Il est élevé aux côtés de sa sœur jumelle par leur mère.