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Le tribunal administratif suspend l’expulsion d’Hassan Iquioussen, Darmanin fait appel

L’avocate de l’imam visé par un arrêté d’expulsion signé par Gérald Darmanin a dénoncé à l’audience, vendredi 5 août, une procédure expéditive.
Hassan Iquioussen, en mars 2018. (Denis Allard/Libération)
publié le 5 août 2022 à 12h48
(mis à jour le 5 août 2022 à 13h33)

Le Tribunal administratif de Paris a suspendu, ce vendredi, l’expulsion vers le Maroc de l’imam Hassan Iquioussen, au motif qu’elle «porterait une atteinte disproportionnée à sa vie privée et familiale» a annoncé son avocate, Lucie Simon, sur Twitter. «Loin des sirènes médiatiques, le droit», a-t-elle ajouté. Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait signé l’arrêté d’expulsion, a fait appel de la décision devant le Conseil d’Etat. Dans un communiqué, le locataire de la Place Beauvau a fait valoir qu’il était «bien décidé à lutter contre ceux qui tiennent et diffusent des propos de nature antisémite et contraires à l’égalité entre les hommes et les femmes».

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé la semaine dernière l’expulsion de ce prédicateur exerçant en France, réputé proche des Frères musulmans et accusé par les autorités françaises d’appels à la haine et à la violence visant notamment la communauté juive. A l’audience jeudi, l’avocate d’Hassan Iquioussen avait demandé au tribunal de «protéger les libertés fondamentales» en suspendant l’arrêté d’expulsion.

«Effets d’annonce»

«Je vous demande de vous méfier de phrases coupées et sorties de leur contexte», a argumenté l’avocate rejetant tout autant «la gravité» que «l’actualité» des propos visés par le ministère de l’Intérieur, dont les plus récents remontent à 2019 et les plus anciens aux années 1990. «Il n’y a aucune urgence à expulser Hassan Iquioussen», a déclaré Me Simon.

«Vous n’êtes pas la caution judiciaire des effets d’annonce du gouvernement», a ajouté l’avocate de l’imam, évoquant les annonces de Gérald Darmanin mercredi sur son futur projet de loi sur l’immigration.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) est intervenue volontairement au soutien de la requête de Me Simon à l’audience. «Ces propos anciens n’ont jamais donné lieu à un refus de titre de séjour ou à une condamnation pénale», a relevé Me Marion Ogier pour l’association, défendant «le droit au respect à la vie privée et familiale». Dans un communiqué diffusé plus tôt dans la journée, la LDH, tout en désapprouvant les propos de l’imam, fait valoir qu’Hassan Iquioussen est né en France, «y a toujours vécu et y a fondé sa famille».

De son côté, la représentante du ministère de l’Intérieur a estimé en revanche que les propos d’Hassan Iquioussen «constituaient le terreau d’actions terroristes». «C’est la même rhétorique que (Mohammed) Merah», a-t-elle ajouté, faisant allusion à l’auteur des attentats de Toulouse et Montauban de 2012.

«La récurrence [des propos] plaide pour la continuité de la menace», a estimé l’avocate pour justifier la demande d’expulsion vers le Maroc. La veille, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) avait rejeté une demande de suspension de l’expulsion d’Hassan Iquioussen.