Menu
Libération
Enquête

Législatives 2024 : face à la possibilité d’un gouvernement RN, la haute fonction publique «au pied du mur»

Article réservé aux abonnés
Elections législatives 2024dossier
Partir, résister, composer ? «Libération» a interrogé une dizaine de hauts fonctionnaires – préfets, diplomate, procureur ou directeur d’hôpital – qui s’interrogent sur la conduite à tenir en cas de victoire du Rassemblement national le 7 juillet.
Place Beauvau à Paris, en mars. (Karim Daher/Hans Lucas)
publié le 15 juin 2024 à 9h35

«Je suis en fin de carrière. Il me reste un ou deux postes, mais est-ce que j’assumerai d’être nommé procureur général par un Eric Ciotti rallié au RN devenu ministre de la Justice de Bardella Premier ministre ? Ou je demande à être déchargé de mes fonctions et je deviens avocat général auprès d’une cour d’appel ? Ou encore je reste à mon poste pour défendre l’Etat de droit, et prends la responsabilité de ne pas appliquer les circulaires si je les juge contraire à mes convictions ? On n’imaginait pas qu’on se poserait ces questions si vite, que ce soit sur le plan éthique ou personnel, en termes de carrière. On est tous au pied du mur.» Cette interrogation angoissée émane d’un procureur de la République ayant tenu à garder l’anonymat. Elle est largement partagée parmi la dizaine de hauts fonctionnaires interrogés par Libération. Avec cette question : que feriez-vous si le Rassemblement national arrivait au pouvoir, non dans trois ans, mais dans trois semaines, le 7 juillet ?

«Il est hors de question que je reste»

Changement de décor : un bureau place Beauvau. Le préfet détaché qui a accepté, lui aussi sous couvert d’anonymat, de nous parler, a pris ses fonctions il y a un an. Comme nombre de ses collègues, il a connu les stop-and-go de l’action gouvernementale, au gré des remaniements, le privant d’