La violence de la campagne pour ces législatives se retrouve sur le terrain. La porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, et son équipe ont été victimes d’«une agression lors d’une opération de collage d’affiches électorales» mercredi 3 juillet dans la soirée à Meudon (Hauts-de-Seine), selon le parquet de Nanterre, qui a ouvert une enquête notamment pour «violences commises en réunion sur un élu public». Quatre personnes, dont trois mineurs, avaient été placées en garde à vue, a-t-on ajouté de même source. Les gardes à vue de deux d’entre eux avaient été levées mercredi en l’absence de charges suffisantes contre eux à ce stade.
Vendredi soir, un majeur et un mineur ont été mis en examen, indique ce samedi 6 juillet le parquet de Nanterre. «Le majeur a été placé en détention provisoire et le mineur sous contrôle judiciaire assorti d’une obligation de placement en centre éducatif fermé», précise le ministère public. Les deux personnes déférées ont été mises en examen pour violences commises sur un élu, avec ou sans arme s’agissant de Prisca Thevenot ou de sa suppléante Virginie Lanlo, et violences en réunion avec arme sur un militant, indique-t-on de même source. Le plus jeune, né en 2007, a «été jugé à deux reprises pour un vol en réunion et un port d’arme, et fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire», selon un communiqué du parquet diffusé vendredi.
Quant au jeune homme majeur, né en 2004, il a déjà été condamné deux fois, l’une pour trafic de stupéfiants, l’autre pour conduite sans permis et recel. Selon son avocat, Me Ilyacine Maallaoui, celui-ci «reconnaît une part de responsabilité dans ces violences», a-t-il rapporté à l’AFP. Il poursuit : «L’instruction débute et permettra de mettre en exergue clairement la responsabilité ainsi que les rôles de chacun des protagonistes.» En attendant, sa «détention provisoire n’est pas nécessaire», a estimé Me Maallaoui, indiquant vouloir faire appel de ce placement.
Vingtaine de personnes
Les faits se sont produits aux alentours de 20 heures. Selon une source proche du dossier, Prisca Thevenot et une de ses collaboratrices ont été prises à partie par une vingtaine de personnes. La ministre n’a pas été touchée, mais sa collaboratrice et un militant ont été blessés et transportés à l’hôpital. La porte-parole du gouvernement, candidate à sa réélection dans la huitième circonscription des Hauts-de-Seine, a déposé plainte. Au premier tour des législatives, Prisca Thevenot est arrivée en tête avec 39,91 % des voix, devant la candidate du Nouveau Front populaire Salomé Nicolas-Chavance, 30,3 % des voix.
Reportage
Prisca Thévenot «continuera sa campagne sur le terrain comme prévu jusqu’à vendredi soir», a fait savoir son entourage. Le Premier ministre, Gabriel Attal, lui-même député sortant des Hauts-de-Seine, a exprimé sur son compte X sa «pleine solidarité». «La violence et les intimidations n’ont pas leur place dans notre démocratie», a-t-il ajouté. Sur BFM TV, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a «exprimé son soutien entier» à la porte-parole du gouvernement et demandé que tous les responsables politiques appellent «au calme et à l’apaisement». Le candidat Nouveau Front populaire François Ruffin a pour sa part «condamné» ce jeudi matin «toute forme de violence qui n’a pas sa place en politique».
Cette campagne des législatives 2024 a été émaillée d’incidents violents. La parole raciste s’est libérée. Des groupuscules d’extrême droite ont attaqué une manifestation de gauche à Nancy ou un militant écologiste à Bordeaux, par exemple. Des candidats RN ont été pris à partie durant leur campagne et huit membres du collectif antifasciste de la Jeune Garde ont été mis en examen pour une présumée agression antisémite.
Mercredi aussi, la candidate aux législatives du Rassemblement national dans la troisième circonscription de Savoie, Marie Dauchy, a porté plainte après avoir été prise à partie par un commerçant sur un marché. L’homme mis en cause, qui s’est spontanément présenté à la gendarmerie, a été placé en garde à vue «pour menaces de mort réitérées, injures et violences contraventionnelles», selon le procureur de Chambéry. Pas sûr toutefois que la fin de la campagne des législatives vendredi soir signe la fin des tensions, bien au contraire.
Mis à jour : à 16 h 15 avec les déclarations de Me Ilyacine Maallaoui.