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Procès

Les bijouteries Chanel et Chopard braquées à Paris : dix personnes jugées aux assises

Dix hommes âgés de 28 à 41 ans, soupçonnés d’avoir participé à deux importants braquages de bijouteries en 2015 et 2016, sont jugés devant la cour d’assises à Paris depuis mardi, dans un contexte à nouveau perturbé par la pandémie.
Devant le magasin Chanel de l'avenue Montaigne à Paris, le 28 avril 2016. (Nicolas Kovarik/IP3)
publié le 4 janvier 2022 à 20h47

L’épidémie menaçait de repousser leur procès pour la deuxième fois. Dix braqueurs présumés devaient comparaître à partir de ce mardi et pendant les deux prochaines semaines devant la cour d’assises à Paris. Une «équipe de malfaiteurs structurée», selon l’ordonnance de mise en accusation, dont les membres sont soupçonnés d’avoir participé à des degrés divers à deux vols armés commis dans des grandes joailleries en 2015 et 2016. Mais deux d’entre eux, testés positifs au Covid-19, n’ont pas pu se présenter. Le procès, qui s’est ouvert pour la première fois en octobre 2020, avait été renvoyé quelques jours plus tard après la contamination au virus d’un des accusés. Cette fois, pas question de reporter l’intégralité de l’audience : la cour a ordonné «la disjonction de la procédure» concernant les deux personnes infectées, qui seront ainsi jugées à une date ultérieure, indépendamment des autres. Dans la salle lambrissée du palais de justice de l’île de la Cité, quelques soupirs de soulagements. La présidente commence à tirer les six jurés et leurs six suppléants, situation sanitaire oblige, là encore. Le procès peut enfin commencer.

Amis d’enfance

Certains sont des amis d’enfance, d’autres sont frères, ou bien cousins. Les dix accusés, dix hommes, ont aujourd’hui entre 28 et 41 ans. L’existence de leur groupe s’esquisse après un premier braquage, mené le 11 décembre 2015, en plein état d’urgence, à quelques encablures à peine de l’Elysée. Ce jour-là, aux alentours de 11 heures et demie, un homme d’une cinquantaine d’années, entre, seul, dans la bijouterie Chopard de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Un masque en latex travesti son visage. Deux employées sont là, il éructe, exhibe la crosse de son arme de poing qui dépasse de son pantalon : «Tu ne veux pas mourir. Donne-moi tout, si tu ne veux pas te faire tuer : n‘appelez pas les flics.» Une des commerçantes ouvre les vitrines. Le malfaiteur repart à pied, avec 87 pièces jetées dans un sac de sport, dont la valeur en prix de vente avoisine le million d’euros, selon l’acte d’accusation. Un peu plus loin, il monte dans une des trois voitures garées par ses complices, et prend la fuite.

Un an plus tard, le même sac de sport apparaît sur les images de vidéosurveillance après le braquage d’une bijouterie Chanel, le 19 mai 2016, sur la très huppée avenue Montaigne du triangle d’or parisien. Cette fois, ils sont «au moins sept», selon l’ordonnance de mise en accusation. Le premier apparaît en sage costume gris, visage découvert, lunettes sur le nez. Alors que les vigiles viennent de lui ouvrir, il reste quelques secondes dans l’embrasure de la porte pour la maintenir ouverte, et laisser entrer trois de ses coéquipiers, qui viennent de surgir d’un véhicule, armés et cagoulés. Pendant que celui qui venait de servir d’appât prenait ses jambes à son cou, ses comparses contenaient les vigiles.

Un premier réussit à pénétrer à l’intérieur de la boutique, fracasse à coups de masse les vitrines blindées, commence à rafler des bijoux avant d’être rejoint par deux complices armés. Dans le même temps, le chauffeur de l’équipe dont le visage n’est que partiellement dissimulé abandonne le véhicule en pleine et s’engouffre lui aussi dans la bijouterie. Il empoigne une vendeuse à terre, la contraint à ouvrir une vitrine murale dévalisée à son tour. Les quatre compères sont repartis aussi sec avec cette fois près de 2 millions d’euros de marchandises. Deux autres véhicules et leurs chauffeurs auraient permis aux malfaiteurs de venir et de repartir de l’avenue Montaigne.

Bidons d’huile

Des détentions d’armes, d’explosifs, et d’autres vols – de voitures cette fois – ont été mis au jour par les enquêteurs au cours de l’instruction. Au moins trois membres de l’équipe de braqueurs présumés sont soupçonnés d’être impliqués dans les vols de cinq Range Rover, commis entre janvier et mai 2016. Une partie d’entre eux auraient également participé au vol, en juin 2016 à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), d’un véhicule d’une entreprise de sécurité, spécialisée dans le convoyage de fonds. A l’intérieur, les malfaiteurs ont récupéré une mallette sécurisée pleine d’argent liquide, qu’ils sont parvenus à ouvrir après l’avoir aspergée de quatre bidons d’huile alimentaire. Une partie des 20 500 euros contenus à l’intérieur ont été retrouvés lors de la perquisition du domicile de deux des accusés. Les bijoux et les montres n’ont en revanche jamais été récupérés. Le procès doit durer jusqu’au 21 janvier.