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Statistiques

Les crimes et délits racistes enregistrés par le ministère de l’Intérieur en «nette accélération» fin 2023

Guerre au Proche-Orientdossier
Près de 15 000 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont été enregistrées par la police et la gendarmerie l’an dernier, selon un rapport publié ce mercredi 20 mars, qui note une hausse à partir d’octobre et l’attaque du Hamas sur Israël. Toutefois, ces chiffres sous-estiment la réalité car bien souvent, les victimes de ce type de délits ne portent pas plainte.
Une inscription raciste à Ajaccio, en Corse, le 17 août 2023. (Pascal Pochard-Casabianca/AFP)
publié le 20 mars 2024 à 12h38

Des chiffres imparfaits mais une tendance implacable. Selon un rapport du service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI) publié ce mercredi 20 mars, les crimes ou délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont augmenté de 32 % en 2023 par rapport à 2022 en France. Les auteurs notent en particulier «une nette accélération en fin d’année», qui s’explique par un bond des signalements d’actes antisémites dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas.

Des chiffres toutefois à prendre avec des pincettes, puisqu’ils s’appuient sur les dépôts de plainte et l’activité des services de police et de gendarmerie, et peuvent donc s’expliquer à la fois par l’évolution du phénomène en lui-même mais aussi par la propension de la population à déclarer ces actes et l’amélioration de leur prise en compte. A la différence des enquêtes de victimation, qui permettent, par le biais d’un questionnaire, de mesurer le niveau réel des infractions dont est victime la population française. Seulement 4 % des personnes victimes d’atteinte à caractère raciste ont porté plainte en 2021, rappelle par ailleurs le ministère.

Au total, la police et la gendarmerie nationales disent avoir enregistré l’année dernière «près de 15 000 infractions commises en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion sur l’ensemble du territoire français, dont 8 500 crimes ou délits». Parmi elles, Le nombre d’actes antisémites enregistrés a fait un bond en France depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre. Lors du dernier trimestre, le nombre de crimes et délits enregistrés a doublé «par rapport à la même période de 2022», développe le rapport.

Dans le détail, «cette hausse s’observe plus précisément à partir d’octobre, avec un palier d’infractions se maintenant au même niveau élevé en novembre avant de retomber en décembre», poursuit le service statistique de Beauvau. Néanmoins, il ne donne pas le détail des faits relevant d’actes antichrétiens, antimusulmans ou antisémites.

Atteinte «à caractère raciste»

En janvier, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait déclaré que le nombre d’actes antisémites recensés en France avait été multiplié par quatre en un an, passant de 436 en 2022 à 1 676 en 2023, avec une «explosion» après le 7 octobre.

Selon l’enquête de victimation «Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS)», près de 800 000 personnes de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine déclarent avoir été victimes d’une atteinte «à caractère raciste» en 2021, soit 1,6 % de la population majeure. Seules 4 % des victimes ont porté plainte.