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Justice

Les défenseurs des jardins ouvriers d’Aubervilliers relaxés: «On compte bien se servir de cette décision dans notre combat»

Le tribunal correctionnel de Bobigny a notamment estimé que l’illégalité du chantier, déclarée après l’arrestation des prévenus, lui retirait son caractère d’intérêt public. De quoi rendre caduques les poursuites pour opposition l’exécution de travaux publics.
Aubervilliers, le 18 novembre 2020. Dans le jardin des Vertus, ensemble de jardins ouvriers où certains locataires sont là depuis plus de 30 ans, qui doit être en partie détruit pour construire la future piscine olympique pour les JO de 2024 à Paris. (Denis Allard/Libération)
publié le 16 septembre 2022 à 14h39

Les huit défenseurs des jardins ouvriers d’Aubervilliers, poursuivis notamment pour s’être opposés à l’exécution de travaux publics, ont presque tous été relaxés, ont annoncé ce vendredi leurs avocats à Libération. Une exception : le militant qui avait refusé de se soumettre aux prélèvements biologiques a lui été condamné à 250 euros d’amende. Âgés de 20 à 51 ans, quatre hommes et quatre femmes ont été jugés le 2 septembre au tribunal de Bobigny pour s’être introduits, le 2 février, sur le site des travaux de la piscine d’entraînement olympique d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, et avoir dû en être évacués de force par la police. Ce chantier de piscine faisait l’objet d’une opposition de longue date car il impliquait la destruction partielle de jardins ouvriers centenaires attenants.

Les travaux avaient finalement été déclarés illégaux par la cour administrative d’appel de Paris, quelques jours seulement après l’arrestation des protecteurs des jardins. Dès lors, le chantier ne pouvait plus être qualifié de «public» a notamment expliqué ce vendredi le tribunal de Bobigny, lors de l’annonce de la relaxe. L’infraction d’opposition à des travaux publics ne pouvait ainsi pas être caractérisée, ni celle d’organisation de manifestation illicite puisqu’il ne s’agissait pas d’une voie publique. Le tribunal a aussi estimé que les faits n’étaient pas suffisamment constitués - c’est-à-dire qu’ils manquaient de preuve - pour condamner les prévenus.

«Cette relaxe vient confirmer que, depuis le début de cette affaire, ce sont les opposants qui ont systématiquement inscrit leur action dans le respect du droit tandis que la commune et Grand Paris aménagement n’ont eux de cesse d’inscrire la leur dans l’illégalité», ont réagi dans la foulée leurs conseils, Matteo Bonaglia et Coline Bouillon. Et d’ajouter : «il est rassurant de constater que les juges administratifs, civils et correctionnels l’ont, chacun leur tour et à leur façon, reconnu donnant tout son sens à la notion d’Etat de droit». Chloé, une des prévenues, confie «le soulagement» et «la joie» qui ont accompagné leur relaxe : «on compte bien se servir de cette décision dans notre combat pour la protection des jardins. Il continue».