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Libération
Histoires sans fin

Les disparus de Boutiers-Saint-Trojan, un mauvais conte de Noël 1972

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Tout l’été, «Libé» revient sur des histoires jamais élucidées. Deuxième épisode, la disparition de la famille Méchinaud, le soir du réveillon de Noël 1972, en Charente.
Les recherches pour retrouver les corps des membres de la famille Méchinaud ont repris en 2011. Ici sur la Charente, près de Boutiers-Saint-Trojan. (PIERRE DUFFOUR/AFP)
par Didier Arnaud et Lazare Burg
publié le 29 juillet 2023 à 12h57

C’est la nuit. Le brouillard est épais. La Charente coule tranquillement en bas de sa vallée. Bordé de peupliers, le fleuve sillonne le paysage en méandres. Dans ce décor que les impressionnistes sont venus peindre tant les couleurs du ciel sont d’un bleu inattendu, une disparition se joue. Celle d’une famille vivant dans une maison aux volets verts, à un carrefour où se trouve posé, juste en face, un Christ en croix.

Boutiers-Saint-Trojan, petit village de Charente. Il y a plus de cinquante ans. Le soir du réveillon de Noël 1972, Jacques Méchinaud et sa femme, Pierrette, respectivement 31 ans et 29 ans, quittent des amis chez qui ils ont réveillonné à Cognac. Ils se volatilisent avec leurs deux enfants, Eric et Bruno, 7 ans et 4 ans. Aucun corps ni indice matériel ne seront retrouvés. L’affaire, inédite dans les annales judiciaires, reste un mystère.

«Si un jour cette affaire sort, je serai heureux pour la famille», déclare Stéphane Chalumeau à Libération. L’enquêteur de la brigade de recherche à la gendarmerie de Cognac est parti en retraite en 2020. Arrivé en 2001, il a repris le dossier qui n’avait pas été touché depuis 1973. Il a examiné les lieux avant que le dossier ne soit officiellement rouvert en 2011, sur décision du procureur d’Angoulême. «Une partie des vérifications sur la Charente et quelques points d’eau avait été réalisée. Les hypothèses d’une mort accidentelle ou d’un suicide collectif engagé par le père ont été également passées en revue»,