Inès Chatin dit de son enfance qu’elle «fut baignée de masculin». Elle était une petite fille silencieuse, déambulant tel un fantôme dans de grands salons peuplés d’hommes, qui n’avaient aucune attention pour elle, sauf lorsqu’il s’agissait de disposer de son corps pour lui imposer d’innommables sévices. Adoptée par les époux Lemaire en 1974, après un parcours sinueux, Inès Chatin a grandi dans le faste du Paris littéraire, élitiste et cérémonieux. Son père adoptif, Jean-François Lemaire, un intrigant médecin, était fasciné par les écrivains et les intellectuels, surtout ceux qui défrayaient la chronique, comme Gabriel Matzneff. «De tous ses amis huppés», Matzneff, aux penchants pédophiles revendiqués, «semblait être celui qui le fascinait le plus», raconte Inès Chatin : «Lorsqu’il entrait dans une pièce, il captait l’attention, avec ses manières très sophistiquées d’être en société.» Comme lui, Jean-François Lemaire est un descendant de Russes blancs, ces tenants de l’ancien régime ayant émigré pour
Enquête
Les hommes de la rue du Bac (4/6) : les influentes amitiés de la bande de Jean-François Lemaire
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Un dîner avec Claude Imbert et François Gibault, le 10 janvier 1966, dans un agenda du docteur Lemaire. (Cyril Zannettacci/Vu' pour Libération)
par Willy Le Devin
publié le 19 juin 2024 à 5h31
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