C’est un rituel qui s’est imposé au fil du temps. Dans le grand bureau éclairé de son avocate Marie Grimaud, Inès Chatin s’installe dans le coin droit du canapé. Son conseil lui fait face, de l’autre côté de la petite table en verre où, mille fois, elles ont étalé les archives qui charpentent ce dossier aux multiples fantômes. Une affaire vertigineuse, dans laquelle la jeune quinquagénaire accuse de grandes figures intellectuelles des années 70-80 de lui avoir fait subir des sévices sexuels et des viols durant toute son enfance. «Cette pièce est pour notre cliente un lieu de sécurité. Tout s’est fait ici, ou presque, depuis deux ans, raconte Marie Grimaud. Des centaines d’heures d’entretien, autant de lecture, d’analyses des documents et ouvrages exhumés par Inès qui, confrontés à son récit, sont entrés en cohérence les uns avec les autres. Nous avons également fait des recherches auprès de divers organismes et institutions. Cela a été un travail minutieux et rigoureux, au cours duquel l’émotion a pu aussi trouver sa place, une confiance est née. Ce qu
Enquête
Les hommes de la rue du Bac (6/6) : le long parcours d’Inès Chatin «sur le chemin de la parole»
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Inès Chatin dans le cabinet de ses avocats, à Paris, le 15 mai. (Cyril Zannettacci/Vu' pour Libération)
par Willy Le Devin
publié le 22 juin 2024 à 7h00
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