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Libération
Disparition inquiétante

Les parents de Morgane, adolescente retrouvée, reviennent sur la disparition de leur fille : «On était en mode robot, en imaginant le pire»

Pour la première fois depuis que leur fille âgée de 13 ans a été retrouvée le 10 décembre, ses parents témoignent ce samedi 28 décembre auprès du «Télégramme».
(philipimage/Getty Images)
publié le 28 décembre 2024 à 19h58

Un sapin de Noël en arrière-plan. Des cris d’enfants en fond sonore. Dans le salon des parents, situé dans la commune de Pabu (Bretagne), la routine semble avoir repris son cours. Pourtant, un mois auparavant, la vie de la famille était sens dessus dessous. Le 25 novembre, leur fille Morgane, 13 ans, était portée disparue. Avant d’être retrouvée saine et sauve quinze jours plus tard, le 10 décembre. Pour la première fois, la famille enfin réunie partage son soulagement, dans une interview accordée au Télégramme ce samedi 28 décembre. «On commence à redescendre. Ça a été très compliqué au début. On commence à retrouver une vie normale», souffle le père, chauffeur de taxi. Morgane, elle, l’assure : «Ça va, je vais bien.»

Pendant ces deux semaines, l’adolescente se trouvait à deux heures trente de route de chez elle, à Coutances (Manche), chez un homme âgé de 21 ans rencontré sur le réseau social Snapchat. Ce dernier est aujourd’hui mis en examen et écroué pour soustraction de mineure et viol. Un sujet que n’évoquent pas les parents et leur fille au cours de leur interview. «Notre sentiment, c’est que ce n’est pas normal qu’un jeune de 21 ans soit sur des groupes d’adolescents de 13 ans», soulignent-ils sobrement. Avant de préciser : «Maintenant, on va laisser la justice faire son travail. On s’est constitué partie civile.»

Auprès des enquêteurs, le vingtenaire, bijoutier, a rapporté être venu chercher la jeune fille en voiture à son domicile. Le suspect, qui au départ a nié tout rapport sexuel, a finalement affirmé lors d’une ultime audition avoir eu «une relation sexuelle» avec Morgane, «à une reprise et consentie selon lui». D’après lui, l’élève de 4e l’avait contacté sur Snapchat lui faisant part d’une altercation avec ses parents et «d’intentions suicidaires».

Morgane s’était disputée avec sa famille au sujet de son usage des réseaux sociaux. Son père avait cassé son téléphone et confisqué sa carte SIM. «Le téléphone cassé, ça a été le déclencheur de son départ mais, au préalable, Morgane avait été embêtée par plusieurs personnes dans la journée», souligne désormais la mère.

«J’ai essayé de contacter des gens sur TikTok»

S’en sont alors suivis de longs jours de silence. Et d’angoisse pour les proches. «Au départ, on se dit qu’elle ne doit pas être très loin. Plus les jours passent, avec tout ce qui a été fait pour la retrouver, plus on s’inquiète», souligne le père. A plusieurs reprises, des battues sont organisées et des volontaires viennent aider. «Tous ces gens qui ont exprimé leur soutien et leur solidarité, ça touche», remercie aujourd’hui le couple.

Le 10 décembre, enfin, les parents sont convoqués à la gendarmerie. La nouvelle tombe dans le bureau du commandant de la compagnie : Morgane a été retrouvée, vivante. «J’ai demandé qu’il le répète deux fois car je n’y croyais pas. Depuis deux semaines, on était en mode robot, en imaginant le pire», soupire encore sa mère, soulagée.

Après avoir passé les fêtes en famille et revu ses proches, Morgane reprend depuis peu le cours de sa vie. Elle nourrit des projets, comme celui de reprendre la danse ou de passer les qualifications pour devenir ramasseuse de balles à Roland-Garros. Sur la période de sa disparition, sur son suivi depuis, en revanche, elle s’épanche peu. Tout juste rapporte-t-elle avoir suivi les informations sur l’ordinateur de l’homme l’ayant hébergée. «J’ai essayé de contacter des gens sur TikTok. C’était la seule application qu’il n’avait pas. Je me suis rendu compte que si j’envoyais un message autrement, il le voyait», se remémore-t-elle. Désormais, elle n’a plus accès aux réseaux sociaux. Et de remarquer : «Ça me fait bizarre car, avant, j’étais connectée H24.»