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Criminalité

Les tentatives d’homicide en hausse de 78 % entre 2016 et 2023 en France

Un bilan du service statistiques du ministère de l’Intérieur (SSMSI) publié ce jeudi 18 juillet indique que 4015 victimes de tentative d’homicide ont été recensées en France par les forces de l’ordre en 2023, contre 2259 en 2016.
Sur les lieux d'une agression mortelle au couteau à Paris, le 2 décembre 2023. (Dimitar Vilkoff /AFP)
publié le 18 juillet 2024 à 19h38

La hausse est spectaculaire : + 78 %. Les tentatives d’homicide ont bondi en 7 ans en France, selon un bilan du service statistiques du ministère de l’Intérieur (SSMSI) publié ce jeudi 18 juillet. Au total, 4015 victimes de tentative d’homicide ont été recensées par les forces de l’ordre l’année dernière - contre 2259 en 2016. Une augmentation annuelle moyenne de 9 % sur la période.

Sur les 18 principaux indicateurs pris en comptes par les services de Beauvau pour mesurer l’insécurité et délinquance, les tentatives d’homicides connaissent ainsi la plus forte hausse. Le SSMSI note par ailleurs que «la plupart des indicateurs [10, ndlr] sont en hausse en 2023, mais en ralentissement par rapport à l’année précédente». Ces chiffres viennent «confirmer» les tendances d’une précédente «photographie» de la délinquance datant de janvier, indique le ministère de l’Intérieur.

Dans le détail, près de 9 tentatives d’homicide sur 10 (85 %) ont été commises en dehors du cadre familial l’année dernière. La très grande majorité des victimes sont des hommes (77 %). Ceux de moins de 30 ans sont les plus exposés à ces tentatives d’homicide, note le ministère de l’Intérieur. Les femmes, elles, sont davantage victimes de tentatives d’homicides dans le cadre familial (65 %). C’est encore davantage dans le cadre conjugal (73 %). Le SSMSI a recensé 996 victimes d’homicide pour l’année 2023.

90 % des mis en cause sont des hommes

Les personnes mises en cause sont, là aussi, très majoritairement des hommes (90 %). Près de la moitié d’entre eux ont moins de 30 ans. Les plus forts taux de tentatives d’homicide sont jusqu’à douze fois plus important dans les territoires d’outre-mer qu’en métropole : la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et Mayotte sont, dans l’ordre, les plus touchés. Dans l’Hexagone, la Seine-Saint-Denis, les Bouches-du-Rhône, le Val-d’Oise et Paris occupent les quatre premières places. La Lozère et le Lot enregistrent les taux les plus faibles.

«Certains évènements au cours de l’année 2023 ont pu marquer l’activité des services de sécurité intérieure en France», détaille le rapport. Et de citer les violences urbaines de fin juin-début juillet, qui ont entraîné «une forte augmentation de quatre des indicateurs de la délinquance» enregistrée sur quelques jours, sans pour autant que le niveau de la délinquance sur l’année en soit durablement affecté.

Des données à examiner «avec précaution»

Selon ce bilan, les coups et blessures volontaires - notamment dans le cadre familial, les violences sexuelles et les escroqueries et fraudes aux moyens de paiement ont par ailleurs fortement augmenté entre 2016 et 2023. Le ministère note que «pour les violences physiques et sexuelles enregistrées, il faut noter la part croissante des faits anciens enregistrés, en lien notamment avec les mouvements de libération de la parole et les politiques d’amélioration de l’accueil des victimes par les services de sécurité».

Le SSMSI souligne également que ces données doivent être examinées «avec précaution». Selon le ministère, le nombre de victimes recensées peut être influencé autant par «l’évolution de la propension à porter plainte et de la plus ou moins grande sensibilisation de la société à ce type d’atteinte» que par «l’évolution des pratiques d’enregistrement par les services de sécurité». Ainsi, «la porosité entre, d’une part les tentatives d’homicide et d’autre part, les coups et blessures volontaires et les violences, mauvais traitements et abandons d’enfant» doit encore être mieux identifiée, reconnaît l’étude.

Les vols violents, les vols sans violence contre des personnes, les cambriolages de logement, les vols liés aux véhicules et les destructions et dégradations volontaires enregistrés ont eux diminué sur la période, selon le bilan.