Le ministre corrigé par son entourage. «Il n’y a pas d’annonce de rapatriement» de jihadistes français détenus en Irak, précise samedi à l’AFP l’entourage de Gérald Darmanin, revenant sur des propos du ministre de la Justice publiés vendredi soir dans la Voix du Nord.
Lors d’un entretien organisé entre le ministre et des lecteurs du quotidien régional, l’un d’entre eux avait demandé au ministre si l’Etat allait rapatrier trois Nordistes détenus en Irak, condamnés à mort puis à la prison à vie.
«Oui, comme c’est le cas pour beaucoup de détenus français dans le monde, en Iran ou ailleurs. Les nationaux doivent terminer leur peine de prison en France», avait alors répondu le garde des Sceaux. De quoi inviter son entourage à préciser la pensée du Nordiste, qui ne voulait pas s’exprimer sur des «cas particuliers». «Il n’y a pas d’annonce de rapatriement», nuance samedi son entourage à l’AFP.
«Le ministre a uniquement précisé que de manière générale, les détenus français à l’étranger ont vocation à revenir purger leur peine en France et que les étrangers détenus en France ont vocation à purger leur peine à l’étranger, sans préciser de modalité de délai», a poursuivi cette même source, qui rappelle que ces dossiers relèvent «de la compétence du Quai d’Orsay».
Justice
Une nuance de taille, en effet, car Gérald Darmanin avait bien jugé lors de cette interview que «les nationaux doivent terminer leur peine de prison en France. J’estime qu’on ne peut pas demander à l’Algérie, au Maroc ou aux Etats-Unis de reprendre leurs nationaux touchés par une OQTF et refuser de faire revenir les Français détenus à l’étranger». Le ministère des Affaires étrangères n’avait pas répondu dans l’immédiat aux sollicitations de l’AFP pour réagir aux propos de Gérald Darmanin.
«Dans le bon sens»
«Les propos du garde des Sceaux vont dans le bon sens mais il reste à les transformer en actes, et vite», avait commenté auprès de l’AFP Marie Dosé, l’avocate de Djamila Boutoutaou, qui a écopé de 20 ans de réclusion criminelle en Irak en avril 2018. Sa cliente «est gravement malade et doit être rapatriée de toute urgence», a insisté Me Dosé, soulignant avoir «sollicité son transfert à maintes reprises, en vain».
Récit
De «nombreux motifs» justifient le transfert de ces détenus, a abondé Me Richard Sédillot, qui défend trois jihadistes français condamnés en Irak, dont le Nordiste Vianney Ouraghi. Leur «réinsertion» est alors «beaucoup plus simple à organiser», avec notamment la visite de leurs proches, a-t-il plaidé. «Leur présence en France permet aussi aux magistrats français de les entendre», alors que ces personnes sont visées par d’autres enquêtes en cours à Paris, a-t-il encore relevé.
Me Sédillot a également souligné les «conditions indignes» de détention de ses clients, alors qu’une juge d’instruction enquête actuellement depuis Paris sur des soupçons de tortures sur six Français condamnés et détenus à Bagdad.
Mise à jour avec les déclarations de l’entourage de Gérald Darmanin