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Libération
A la barre

L’ex-fugitif Thierry Ascione condamné à 18 ans de réclusion pour complicité d’assassinats au Guatemala

La cour d’assises de Paris a reconnu le Français de 65 ans coupable, vendredi 11 octobre, de complicité d’assassinats et d’escroquerie pour son rôle dans l’assassinat d’un couple de Français il y a plus de 30 ans au Guatemala.
Thierry Ascione dans une vidéo publiée sur sa propre chaine YouTube. (Capture d'écran Youtube)
publié le 11 octobre 2024 à 16h46

L’avocat général avait requis 15 ans de réclusion criminelle, le verdict a finalement écopé de 18 ans. Le Français Thierry Ascione a été reconnu coupable de complicité d’assassinats et d’escroquerie pour des faits commis en 1991 au Guatemala et pour lesquels il était jugé, trois ans après la fin d’une cavale de plus de 20 ans. L’ex-fugitif français avait déjà été condamné à la perpétuité par contumace en 2001 pour la même affaire. Le 28 décembre 1991, un couple de restaurateurs, Bernard Béreaud et Marie-Antoinette Perriard, avaient été découverts, affreusement mutilés et partiellement brûlés, à Guatemala City.

Lors du nouveau procès qui s’est ouvert le 30 septembre dernier, l’accusé a reconnu le délit d’escroquerie, mais a nié farouchement toute participation au double assassinat. «Ce qui m’a toujours le plus déplu c’est d’être accusé à tort», a-t-il d’ailleurs répété avant que la cour ne se retire pour délibérer. Un «huitième d’aveux» pour l’avocat général Rémi Crosson du Cormier qui s’est adressé à l’accusé : «Monsieur Ascione, je ne vous crois pas.»

«En dehors des nombreux revirements, retours, falsifications de l’accusé», il existait selon lui des «éléments qui, rassemblés, fondent [sa] culpabilité», a poursuivi la robe noire. L’avocat général a notamment cité le témoignage «cohérent» à la barre de l’ancien légionnaire Philippe Biret, qui a affirmé que les assassinats avaient été «planifiés» par Thierry Ascione. Comme Jean-Philippe Bernard, neveu du restaurateur assassiné, Philippe Biret a été condamné pour ce crime à 30 ans de prison au Guatemala – il en a purgé quinze.

Le représentant de l’accusation avait évoqué des conversations et des déclarations d’un autre témoin selon lesquelles l’accusé avait fait tuer les Béreaud «pour s’approprier de l’argent», ou encore ses relevés du compte en banque. Les victimes «ne sont pas mortes du fait du fumeux trafic de stupéfiants inventé par Thierry Ascione mais par l’action positive et résolue, en connaissance de cause, pour recruter et payer des tueurs faciles à convaincre dans un pays alors totalement déstructuré», avait-il ajouté.

33 ans de «souffrance et d’attente» pour les familles

Avant lui, les avocats des parties civiles ont décrit au cours des audiences, «33 ans de souffrance» et «d’attente» pour la famille des victimes, face à un suspect en fuite et qui, pendant le procès, «s’est caché derrière des murs de poussière». Les proches sont des «survivants» qui se «questionnent chaque jour» et «avaient l’espoir que des choses seraient dites, mais ils sont laissés avec des affabulations sans fin et la mémoire salie des morts», a ainsi plaidé Me Ménya Arab-Tigrine. «Ce questionnement est un mal qui ne cessera qu’avec les réponses que vous allez donner», a-t-elle poursuivi en s’adressant à la cour.

La défense avait plaidé l’acquittement. Témoins aux «versions multiples» ou en «contradiction» avec le dossier, mobile qui ne tient pas, chronologie «à décharge»… Me Margaux Durand-Poincloux s’était appliqué à détricoter le dossier, parlant aussi d’un accusé à la personnalité construite autour du «mensonge» et de «l’escroquerie», sans que cela ne dise «rien, ni de sa culpabilité ni de son innocence». «Bien sûr, ça doit être absolument insupportable quand on attend une réponse après 33 ans. Mais je ne sais pas qui a tué les victimes et vous devez admettre que vous non plus», avait-elle conclu.