Nouvelle péripétie judiciaire en macronie. Après la nouvelle ministre – intérimaire – de la Santé Agnès Firmin-Le Bodo, qui a confirmé vendredi matin faire l’objet d’une enquête pour des soupçons de cadeaux indus, c’est une ancienne figure gouvernementale, Muriel Pénicaud, qui anime la chronique judiciaire. Le Monde a révélé, vendredi 22 décembre, que l’ancienne ministre du Travail (2017-2020) d’Emmanuel Macron a été mise en examen pour «complicité de favoritisme» au mois d’octobre dans le cadre de l’affaire «Business France».
Récit
Une information judiciaire ouverte en mars 2017 s’intéresse en effet au rôle de Muriel Pénicaud, alors directrice de cet organisme public sous tutelle de Bercy, dans l’organisation de la soirée «French Tech», en janvier 2016 à Las Vegas. Une soirée à laquelle participaient l’ex-ministre de l’Economie Emmanuel Macron, alors en pleines manœuvres en vue de la présidentielle, ainsi que des centaines d’entrepreneurs français et l’ex-patron du Medef.
L’organisation de ce raout, destiné à promouvoir une image innovante de la France en plein CES, grand-messe des nouvelles technologies, avait été confiée à l’agence Havas au mépris des règles prévalant pour les événements dont le coût dépasse 207 000 euros, qui obligent l’organisateur à formuler un appel d’offres. Un rapport de l’Inspection générale des Finances avait relevé un coût général de 381 000 euros, ramené à 289 000 euros après négociations. C’est la lecture de ce rapport qui avait incité le parquet de Paris à ouvrir une enquête.
Pénicaud plaide l’ignorance
Dans cette affaire, l’implication du cabinet d’Emmanuel Macron dans l’organisation de la soirée avait également été pointée du doigt par des révélations de Libération, en 2017. A la lecture de l’audit du cabinet EY sur l’organisation de cette soirée, il apparaissait que les conseillers proches du futur président à Bercy s’étaient immiscés jusque dans le choix de l’hôtel où avait eu lieu la soirée.
Enquête
D’abord placée sous le statut de témoin assisté en 2019, l’ex-ministre, porteuse de lois phares du premier mandat d’Emmanuel Macron – réforme du Code du travail, notamment – a toujours assuré ignorer les détails financiers entourant cette soirée. Muriel Pénicaud est pourtant démentie par la lecture de plusieurs courriels envoyés à son intention : non seulement elle avait agréé au règlement de deux paiements irréguliers de 30 000 euros, mais elle est également mise en cause par son ex-directrice de la communication qui a déclaré au cours de son audition que sa supérieure «avait exactement le même niveau de connaissance qu’elle des montants engagés et des modalités d’organisation», révèle le quotidien. Dans un communiqué transmis au Monde puis à l’AFP, l’ex-ministre balaie ces nouveaux éléments : «Mon intégrité est totale, je suis sereine, j’ai la conscience tranquille. […] Je n’ai rien à me reprocher, tout simplement.»