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L’IGPN saisie après la diffusion d’une vidéo montrant des policiers en train de frapper un homme menotté à Bagnolet

La police des polices a été saisie ce lundi 15 juillet pour faire la lumière sur une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux au cours du week-end, montrant un groupe de policiers portant des coups à une personne menottée au sol en région parisienne. Plusieurs personnalités politiques de gauche ont exprimé leur indignation.
Une vidéo, notamment diffusée sur X (ex-Twitter) par le compte AlertesInfos, montre un groupe de policiers portant des coups à une personne menottée. (Capture d'écran d'après/@AlertesInfos)
publié le 15 juillet 2024 à 18h58

Dans le code de la sécurité intérieure, il est inscrit que «toute personne appréhendée est placée sous la protection des policiers ou des gendarmes et préservée de toute forme de violence et de tout traitement inhumain ou dégradant». Deux vidéos relayées ce dimanche 14 juillet par le compte AlertesInfos sur X semblent entrer en contradiction avec ce point de règlement. Dans les 20 secondes de vidéo filmées dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 juillet à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), il est possible de voir un groupe de trois policiers frapper un homme menotté au sol, et lui asséner un coup de pied et des coups de poing sans ménagement. L’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie, indique ce lundi le parquet de Bobigny à Libération. Une enquête administrative a également été ouverte.

L’action s’est déroulée à l’angle de la rue du Lieutenant Thomas et la rue Paul-Bert, au cœur du quartier des Coutures, à Bagnolet. Par ailleurs, selon deux sources concordantes auprès de Libération, l’interpellation du jeune homme par les policiers aurait été initialement motivée par un contexte de «violences urbaines» et de «tirs de mortiers d’artifice» au cours de cette nuit de festivités du 14 juillet.

«Attends, pas là, pas là»

En disséquant la vidéo seconde par seconde, on peut ainsi voir un groupe de trois policiers en train d’escorter un homme, menottes aux poignets. L’un d’entre eux décroche soudainement un violent crochet gauche en direction de l’individu interpellé, qui semble l’esquiver en tombant au sol. Les mots «attends, pas là, pas là» sont clairement audibles.

L’individu menotté est ensuite traîné en direction d’un passage piéton, un peu plus loin. Quatre nouveaux coups s’enchaînent : un du pied et trois du poing. Un dernier coup de poing est visible dans la seconde vidéo. Le compte AlertesInfos affirme que ces images ont été tournées à Bagnolet le 13 juillet. Sur Telegram, une chaîne relaye également la première vidéo et avance que les coups ont été portés par un «policier des Lilas 93 sur un mineur de 15 ans».

Contactée, un source policière indique à Libération que les coups portés par les agents dans cette vidéo «n’entrent pas dans le champ des gestes techniques et professionnels de l’intervention». «On nous apprend que le policier est responsable de l’intégrité physique de la personne menottée, précise la même source. Il est garant de la santé de cette personne et ce, quoi qu’elle ait pu faire avant.»

Des images jugées «inacceptables» par de nombreux politiques de gauche

Ce lundi 15 juillet, le député de la 7e circonscription de la Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a partagé ces «images inacceptables» sur son compte X. Il demande qu’une «enquête administrative [soit] ouverte pour faire toute la lumière sur ces comportements intolérables». Contacté par Libération, le député considère qu’il s’agit «d’une affaire grave», puisqu’il est «clair qu’un homme menotté ne peut pas être frappé».

D’autres élus de gauche ont également réagi sur le même réseau social : Sandrine Rousseau a estimé que «pour cette raison aussi nous avons besoin du #NouveauFrontPopulaire. Pour que le droit s’applique en toutes circonstances». De son côté, le député LFI de l’Essonne Antoine Léaument a déclaré qu’un policier «ne doit JAMAIS (sic) tabasser quelqu’un (article 9 de la DDHC). S’il suspecte quelqu’un, il doit l’arrêter, le conduire au poste et permettre qu’il soit jugé». Enfin, Thomas Portes a également réagi auprès de Libération. «Dans ce pays, on ne peut pas laisser passer un mois sans avoir de vidéo attestant de violences policières [...]. Ces violences sont toujours présentées comme des cas isolés, et les policiers inculpés comme des brebis galeuses, alors que ces faits sont systématiques», fustige le député insoumis. Il annonce également adresser, dès demain, un courrier au Ministère de l’intérieur pour dénoncer des actes «inacceptables» et souligner «une nécessité de réformer l’IGPN».

Mise à jour mardi 16 juillet, avec l’ouverture d’une enquête administrative.