Les frasques de l’influenceuse star Poupette Kenza, aux millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, ne semblent plus avoir de limites. Sinon celles de la prison. Kenza Benchrif, de son vrai nom, a été incarcérée dans l’attente d’un débat ultérieur devant le juge des libertés et de la détention, prévu jeudi, après avoir été mise en examen pour «tentative d’extorsion en bande organisée» et «association de malfaiteurs». La starlette du web est soupçonnée d’avoir usé d’un stratagème rocambolesque, entre menaces, photos de sévices et homme de main, pour soutirer plusieurs centaines de milliers d’euros à une ancienne amie et associée, révèle le Parisien ce lundi 8 juillet.
La jeune femme de 24 ans, originaire de Rouen (Seine-Maritime), est l’influenceuse française la plus suivie sur Snapchat, avec plus d’1,6 millions d’abonnés. Elle poste régulièrement des vidéos de son quotidien de mère de famille, avec ses deux enfants, non sans une bonne dose de scandale. Quand ce n’est pas lié à des comportements jugés problématiques envers enfants et mari, ce sont ses propos qui défraient la chronique. En mai, elle déclarait dans une courte vidéo : «Je suis une propalestinienne, je ne travaille pour aucune personne sioniste ou juive […] Je n’ai aucun partenaire, aucun agent qui est juif.» Une saillie antisémite qui lui avait valu la suspension temporaire de son compte Instagram et une saisine de la justice.
«Amadou», un membre d’un «cartel mexicain»
Cette nouvelle affaire commence en février 2024. Un homme, Walid, se fait aborder par un inconnu alors qu’il attend sa compagne, Caroline (une ex-associée de Kenza Benchrif), qui dépose leur enfant à la crèche, à Rouen. Cet homme, qui se présente comme «Amadou», un membre d’un «cartel mexicain», exige de Walid pas moins de 350 000 euros, dont 200 000 très rapidement. En effet, raconte Amadou, Poupette Kenza lui doit cette même somme, il affirme même avoir tabassé son compagnon pour lui faire peur. Pour appuyer ses dires, Amadou montre alors des photos de crâne fracassé et de bras cassés à Walid. Amadou lui explique aussi que, paniquée, Kenza l’a redirigé vers le couple Walid et Caroline, puisque cette dernière lui doit justement 350 000 euros. Il aurait donc été convenu entre l’influenceuse et l’homme de main que ce dernier se paye sur la dette de Caroline.
Soupçonneux face à ce récit décousu, le couple a aussitôt déposé plainte et, très vite, une enquête est ouverte par le parquet de Rouen. Finalement, les enquêteurs estiment que ce scénario machiavélique a été conçu par Kenza Benchrif et son compagnon pour régler un litige financier avec Caroline. D’après un communiqué du procureur de la République de Rouen, Frédéric Teillet, le couple formé par Walid et Caroline a «fait l’objet de diverses surveillances (physiques, implantation de mini-caméra aux abords de leur domicile et balise GPS placée sur leur véhicule) et a été physiquement menacé» en vue de la remise de la somme d’argent exigée par Poupette Kenza.
Interview
Après enquête, les policiers identifient également Amadou comme Eric Love O-.O, un «gros bras» connu pour régler des conflits entre célébrités. Placé en garde à vue, l’homme dément toute tentative d’extorsion des victimes. Il affirme seulement avoir été engagé pour résoudre un différend entre «influenceuses» au sujet d’une somme d’argent, sans faire preuve de menaces ni de chantage. Son employeuse serait une «influenceuse à Dubaï» dont il ne veut pas donner le nom.
Pendant des mois, Poupette Kenza, elle, se terre aux Émirats arabes unis, empêchant les policiers de pouvoir l’interroger. Jusqu’à son retour discret en France début juillet. Elle est alors placée en garde à vue à son arrivée sur le sol français, le 3 juillet, avant d’être déférée quelques jours plus tard au palais de Justice de Rouen et mise en examen et incarcérée.
Contacté par le Parisien, l’avocat de Poupette Kenza, Me Mourad Battikh affirme que sa cliente «conteste fermement toute tentative d’extorsion. Elle ne savait rien des méthodes de cet homme (Eric Love O-.O.), qui lui a été présenté par un intermédiaire et qui lui promettait de régler son différend financier avec rapidité, professionnalisme et sans aucune menace physique, sans quoi elle n’aurait jamais accepté ses services».