C’est un cri, glaçant, celui d’une petite fille violentée par sa professeure, qui a résonné pendant des heures et des heures sur les chaînes d’info et les réseaux sociaux. Ce vendredi 21 février, il devrait retentir à nouveau devant le tribunal correctionnel de Paris, où doit être jugée une institutrice pour avoir frappé une enfant de 3 ans en septembre. Les images de la scène, filmées par un parent d’élève, et largement diffusées, avaient suscité une vague d’indignation.
Sur la vidéo, captée le 3 septembre dernier, on peut voir l’institutrice asséner un violent coup au niveau du dos à une petite fille en larmes, dans l’école maternelle des Frères Voisin située dans le XVe arrondissement de Paris. L’enfant, hurlant, se dirige vers un coin de la pièce. L’enseignante attrape alors un vaporisateur et se met à asperger la fillette. En découvrant la vidéo deux jours plus tard, la mère de l’enfant a porté plainte.
Reportage
Suspendue par son administration, l’enseignante, qui s’est expliquée pendant l’enquête et a présenté ses excuses, aborde cette audience «comme un soulagement» et «une libération», a déclaré son avocat Laurent Hazan. «Le buzz médiatique a fait son temps», a-t-il poursuivi, déplorant le montant élevé – de l’ordre de plus de 20 000 euros – des dommages et intérêts demandés par la partie civile.
Selon lui, l’enfant s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) – qui sert à évaluer la gravité des séquelles d’une partie civile dans une procédure – de deux jours pour les séquelles physiques et aucun pour les conséquences psychologiques. «On a un dossier, et ce dossier dit, ce dont il faut se réjouir», que l’enfant «n’a rien», a déclaré l’avocat de l’enseignante.
Changement d’école
De son côté, l’avocate de la famille de l’élève, Vanessa Edberg, fait valoir que la psychologue qui voit régulièrement l’enfant estime que son ITT aurait pu être de huit jours. Selon elle, l’enseignante «aurait dû se mettre à hauteur de cette petite». L’enfant va «beaucoup mieux» et a depuis changé d’école et déménagé, a précisé l’avocate.
Au cours de l’enquête, l’équipe pédagogique a décrit une enseignante à la carrière «irréprochable», une professionnelle «investie, consciencieuse, empathique et calme». Interrogés par les enquêteurs, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles se souvenaient aussi d’«une situation compliquée» le jour des faits, avec «beaucoup d’enfants en pleurs» et une classe décrite comme «difficile» en raison d’un sureffectif et de certains élèves présentant des «troubles psychologiques».