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Pédocriminalité

«Live streaming» : un Français soupçonné de viols en ligne sur une trentaine d’enfants en Colombie et à Madagascar mis en examen

Le trentenaire originaire de Bordeaux a été placé en détention provisoire, il est notamment soupçonné de «complicité de traite des êtres humains envers des mineurs de 15 ans victimes de viol» et de «complicité de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs», confirmant une information de France Info.

sun visor in a car with marked police (OceanProd/Getty Images/iStockphoto)
ParLudovic Séré
Journaliste - Actu
Publié le 09/09/2025 à 13h02

Un employé de la ville de Bordeaux né en 1994 est soupçonné d’avoir «commandité des actes sexuels commis sur des enfants notamment à Madagascar et en Colombie pour y assister en direct en vidéo, en échange de contreparties financières évaluées à plus de 10 000 euros», a appris Libération ce mardi 9 septembre, confirmant une information de France Info. Les faits auraient été commis entre janvier 2022 et 2025, à Bordeaux, Madagascar et en Colombie.

L’homme, placé en détention provisoire, a été mis en examen pour «complicité de traite des êtres humains envers des mineurs de 15 ans victimes de viol, complicité de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs, instigation à commettre des viols et agressions sexuelles non suivis d’effets, détention acquisition et consultation habituelle d’images pédopornographiques, entre janvier 2022 et 2025, à Bordeaux, Madagascar et en Colombie», précise le parquet de Paris, qui ajoute avoir «compétence nationale sur le live streaming».

Phénomène né aux Philippines

Depuis plusieurs années, les autorités constatent l’essor du live streaming, phénomène né dans les années 2000 aux Philippines. Des hommes occidentaux, de tous âges et de toutes catégories socioprofessionnelles, se rendent sur des sites pornographiques afin de trouver des femmes, dans des pays en développement, prêtes à exposer des mineurs, parfois des nourrissons, et à les violenter face caméra en direct. Un ex-agent de la Direction générale de la sécurité extérieure a été arrêté du côté de Strasbourg pour avoir commandité des viols de jeunes enfants au Kenya. Un mois plus tôt, c’était un garagiste de 55 ans qui était interpellé près de Lille pour avoir «acheté» des viols d’enfants en ligne auprès d’une famille colombienne.

La semaine dernière, Julien Palisca, un ancien policier de la brigade des mineurs de Marseille, a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour des viols et agressions sexuelles sur des mineurs aux Philippines. Durant l’audience, la question de son addiction aux images pédocriminelles a été abordée et le parquet général a fait part de ses forts soupçons sur le fait que le mis en cause a également pu pratiquer le live streaming.

Sur le plan judiciaire, un virage a été pris le 3 novembre 2024, quand pour la première fois, un consommateur de live streaming n’a pas été condamné pour «détention et diffusion d’images pédopornographiques» mais pour «complicité de viol par instigation et traite d’êtres humains». Autrement dit : la justice considère désormais que l’homme qui a commandé le viol est complice. Résultat : vingt-cinq ans de prison. Bouhalem Bouchiba, un ancien graphiste français de Pixar, a été condamné par la cour d’assises de Paris dans l’affaire dite «Ratatouille», du nom d’un des films sur lequel le sexagénaire avait travaillé, à 25 ans de prison.